La parenthèse

A 21 ans, Judith a régulièrement des malaises. Cela ressemble à des absences. Lorsque le malaise se termine, Judith n’en a aucun souvenir. Elle est, en fait, sujette à ses premières crises d’épilepsie. Mais elle se sent pourtant bien, elle n’a pas de réelle notion de ce qui lui arrive, la mémoire lui faisant défaut.

“Depuis un moment déjà, je dessine dans un petit carnet noir, juste pour moi. Je dessine tout ce qui me passe par la tête. Vite, sans réfléchir. Il m’arrive d’écrire de tous petits mots, de toutes petites phrases. Je dessine toutes ces choses que je ne comprends pas, tout ce que je n’arrive pas à dire avec des mots.”

Les symptômes s’aggravent. “D’un seul coup, j’ai réalisé brutalement : je ne savais plus rien. Je ne connaissais plus l’alphabet, plus aucun nom et encore moins celui du Président !”

Le témoignage d’une jeune femme face à la maladie qui a transformé une partie de son existence en une véritable parenthèse.

Par legoffe, le 6 juin 2010

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2 avis sur La parenthèse

Aurais-je lu ce livre sans le conseil avisé de ma libraire ? Je n’en suis pas certain. J’avais envie de dépaysement pour mes prochaines lectures. Le témoignage d’une malade face à une terrible épreuve n’était donc pas, à proprement parlé, la notion la plus évidente de dépaysement qui me venait à l’esprit. Je l’ai pourtant pris, confiant dans les conseils d’Agathe, mais sans grande conviction.

Une fois passé les récits d’aventures que m’avaient offerts les derniers tomes de la série Secrets et par Black Crow, je me suis décidé à ouvrir La Parenthèse, livre au format “roman”, composé de plus de 200 pages, très dans la veine des éditeurs indépendants.

Et là, il s’est passé quelque chose. Il ne m’a fallu que l’espace de quelques phrases de l’auteur, puis quelques pages, pour me plonger à corps perdu dans les confidences d’Elodie (Judith dans le livre). Cet auteur a étudié les arts décoratifs à Strasbourg et a déjà publié quelques histoires en bande dessinée, dans des collectifs, tout en travaillant dans l’édition jeunesse.

Sa construction narrative vous happe immédiatement. Cette jeune femme parle avec simplicité, elle raconte son histoire et cette terrible parenthèse comme elle parlerait à un proche. Vous vous imaginez près d’elle, compatissant certes, mais surtout admiratif de la trouver là, près de vous, après tout cela. Nous découvrons sa maladie, le monde hospitalier, la relation avec les amis et le courage des parents.

Son récit est incroyable car Elodie Durand parvient vraiment à nous faire comprendre ce qu’elle a vécu. Chacun de ses mots traduit bien ses émotions, sa maladie, son désarroi, appuyés par des dessins qui optent souvent pour le message imagé. Le travail graphique est traité avec une intelligence incroyable pour mieux nous montrer ce qui paraît pourtant indescriptible au premier abord. Le témoignage est bouleversant par sa charge émotionnelle, mais aussi par la capacité de son auteur à nous faire vivre ces moments, ces symptômes de l’oubli, qui vous transforme soudain en un corps qui perd tout doucement son esprit et sa logique.

Après avoir lu ce témoignage, vous ne regarderez plus jamais de la même façon les personnes luttant contre les maladies neurologiques. La beauté de la vie, l’envie de se battre, l’impuissance et l’espérance se cachent derrière des regards perdus. Elles forment des étincelles de vie, des lueurs d’espoirs aussi salvatrices que ce livre bouleversant.

Par Legoffe, le 6 juin 2010

 
Judith, jeune Cristolienne, est toujours mal à l’aise quand elle rencontre d’anciennes connaissances qui lui demandent alors, naturellement, ce qu’elle a fait lors de ces dernières années pendant lesquelles elles ne se sont pas vues. Judith est mal à l’aise parce qu’elle ne sait pas. Elle ne sait pas quoi répondre. Et pour cause : épileptique en proie à de fréquentes crises, le calvaire qu’a vécu la jeune femme quelques années durant l’a écartée de la vie normale, l’a mise un temps entre parenthèses…

La parenthèse est un livre "de la reconstruction", pour Judith. Ou pour Elodie, c’est selon, puisque l’auteure, qui signe avec un de ses prénoms, se met en scène avec un des siens autre dans cette histoire. En noir et blanc, sur plus de 200 pages, elle revient sur la maladie contre laquelle elle a lutté, l’épilepsie, et nous retrace le chemin qu’elle a dû suivre pour la terrasser.

Car c’est un véritable calvaire qu’elle a enduré, ponctué de complications médicales qui nous font retenir notre souffle au fur et à mesure qu’elle nous les fait vivre dans ce récit autobiographique. Et pourtant… Si l’on s’en réfère à ce qu’elle vivait elle, on retiendrait qu’elle n’a jamais réellement souffert de ses absences puisque tout bonnement, elle ne s’en souvenait pas ! Mais on imagine forcément le tracas de ses parents et de ses proches qui ont dû l’épauler pendant sa lente et longtemps incertaine guérison…

L’histoire de Judith Elodie est prenante, le suspense qui s’y impose à nous étant une série d’épreuves de la vie réelle ; et de ces épreuves qui peuvent vous laisser sur le carreau. Pas de place pour la fiction ici, les seules subjectivités se retrouvant peut-être dans les dessins maladroits que Judith Elodie a insérés dans cet ouvrage, repêchés dans ces carnets sur lesquels elle gribouillait durant ces années difficiles, années pendant lesquelles manifestement, sa tête n’a pas toujours été en phase avec le reste de son corps. Le dessin a toujours été un mode d’expression pour la jeune femme, c’est naturellement par ce biais qu’elle a voulu, une fois sortie de cette spirale infernale que lui avait imposée la vie, donner le coup de grâce à ces souvenirs qu’elle veut désormais voir s’éloigner pour de bon. Le dessin comme aide à la rééducation, pour partie, en quelques sortes.

On apprécie dans cet ouvrage ce dessin, simple et expressif, qu’après sa guérison elle a pu parfaire dans différents cours d’arts graphiques, on y apprécie aussi ces représentations symboliques des maux qui la rongeaient. Elodie Durand a su mettre en images des choses si difficiles à exprimer et son exposé n’en est que plus fluide puisqu’il est loin de se résumer à un simple portrait de femme nous regardant dans les yeux pour nous parler de "tout ça" et qu’il réussit à nous toucher, à nous intéresser, à nous rendre solidaires, et enfin à être soulagés pour elle !

La parenthèse raconte le début de la deuxième vie de l’auteure. Qu’on lui souhaite longue et pleine de bonheurs !
 

Par Sylvestre, le 6 juin 2010

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