PAIN D'ALOUETTE
Première époque

Quentin Ternois, un ancien du Tour de France, emmène son neveu Elie voir le Paris-Roubaix en ce mois d’avril 1919. Le jeune garçon rêve devant les coureurs tandis que Quentin suit les cyclistes avec nostalgie, lui qui ne peut plus faire d’efforts physiques depuis qu’il s’est fait gazé à Ypres par les Boches.

Au même moment, un compagnon d’arme de feu Amédée Fario se présente dans un orphelinat. Il vient déposer un paquet qu’Amédée a voulu voir remettre à sa fille, Reine, avant qu’il ne meure. La petite vient d’avoir quatre ans et vit son le joug de la terreur en raison d’un directeur de pension tyrannique.

Quatre ans plus tard, l’un des plus fidèles amis d’Amédée, Camille Peyroulet, apprend que Reine vit dans un orphelinat. Il entreprend alors les démarches pour adopter la petite. Mais son combat pacifiste dans la presse joue contre lui.

De son côté, Elie a grandi et se passionne de plus en plus pour le cyclisme. Cela met son père dans une colère noire. Pour lui, seul le travail à la mine compte.

Par legoffe, le 15 novembre 2009

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2 avis sur PAIN D’ALOUETTE #1 – Première époque

La parution de L’Aigle sans orteils (Dupuis) avait été un des événements de la bande dessinée en 2005. Qu’elle n’a pas été ma surprise et mon plaisir de découvrir que Lax nous en proposait la suite chez Futuropolis ce mois-ci.

L’auteur nous entraine dans l’après-guerre et nous offre une chronique plus sociale que sportive en mettant en scène d’anciens compagnons d’Amédée, champion malheureux du premier album.
Bien sûr, nous suivons toujours les courageux cyclistes de l’époque. Lax nous fait ainsi revivre des moments héroïques du Paris-Roubaix alors que son précédent livre était dédié au Tour de France. L’entrée en matière est d’ailleurs spectaculaire puisque nous suivons l’épreuve 2009, dans un décor effroyable, celui d’une Picardie dévastée par la Première Guerre Mondiale. Nous découvrons des coureurs encore effrayés par cette désolation. Elle éveille en eux le souvenir des tranchées et des obus meurtriers.

Mais, si le vélo demeure le fil conducteur de l’histoire, Lax se détourne d’un parcours tout tracé pour mieux parler de la condition humaine dans cette période trouble où la nation française était en quête de reconstruction morale, physique et sociale. Il dépeint des personnages contrastés. Certains sont d’anciens soldats marqués par le conflit. D’autres sont traumatisés par cette victoire amère, qui coûta tant de vies, et ils se réfugient derrière un patriotisme exacerbé pour mieux effacer ces cicatrices. Et il y a les pacifistes et les hommes de gauche qui tentent de gagner du terrain, transformant doucement le paysage politique. Ils sont l’espoir des mineurs comme Elie ou son père.

Si je garde une préférence pour L’Aigle sans orteils, j’ai vraiment apprécié cette nouvelle histoire. Elle est touchante, troublante. Le cyclisme devient soudain la chaine fragile qui relie plusieurs destins entre eux. On peut supposer que ces existences rapprocheront encore plus dans le prochain volume qu’il me tarde déjà de découvrir.

Outre une belle histoire, j’apprécie toujours autant le talent graphique de Lax. Ses dessins sont splendides et d’une grande finesse. L’auteur donne à ses personnages une incroyable vitalité. C’est superbe et parfaitement mis en couleur.

Bref, voilà un livre qui plaira au plus grand nombre, qu’il s’agisse d’amateurs de chroniques sociales, d’Histoire, de sport ou de fresques dramatiques. Chacun trouvera ici des raisons d’être touché par ce récit. Comment rester insensible devant ces vies que le destin n’a pas épargné, mais qui restent mues par l’espoir et le rêve ?

Par Legoffe, le 15 novembre 2009

C’est profondément et sincèrement ému que j’ai refermé cet album. Christian Lax nous offre avec Pain d’alouette un récit humaniste, sensible, dans la veine de L’Aigle sans orteil. Il nous conte l’histoire d’hommes et de femmes qui s’opposent, contestent, s’insurgent contre une société dans laquelle il ne se retrouve pas, il nous dresse le portrait de gens qui ont des valeurs.

Avec beaucoup de finesse, Christian Lax empreinte au réalisme des plus grands comme Zola ou Maupassant, l’engagement, cette envie d’ancrer son récit dans la dure réalité de la vie qui a la fâcheuse tendance à frapper les plus démunis ; mais aussi – et c’est en cela qu’il s’en détache – il recherche également la douceur, la tendresse.
Côté dessin, je vous laisse admirer tout le travail dont il nous gratifie : des planches superbes aux couleurs surannées qui portent en elles l’âme de l’histoire.

Christian Lax est un grand auteur, qui nous offre là de la grande bande dessinée.

Par melville, le 1 juin 2010

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