Ouvert la nuit

Dave, qui est vendeur de nuit au Last Stop, une boutique de Los Angeles, n’est pas ce que l’on pourrait appeler un individu à fort caractère, pas un sanguin quoi ! Gérant au mieux la boutique de son patron Radu, il reçoit sans entrain toute une kyrielle de personnages singuliers. Jusqu’au jour où il croise le regard de Rosa, jeune gothique d’origine mexicaine, dont il tombe éperdument amoureux. Comment lui déclarer cette flamme qui le dévore sachant que Dave a une particularité : c’est un vampire !
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

Publicité

Notre avis sur Ouvert la nuit

Pas moins de trois auteurs émérites, deux scénaristes (Jessica Abel et Gabe Soria) et un dessinateur (Warren Pleece) ont contribué à réaliser ce pavé de plus de 180 pages made in US et publié dans l’hexagone par les éditions Dargaud. En effet, le premier de ces auteurs a déjà usé ses stylos sur des ouvrages comme "Artbabe" ou "La perdida", le deuxième a noirci les colonnes de magazines musicaux et a participé à la série "Batman Adventures" de chez DC Comics. Le troisième, quant à lui, s’est distingué sur des projets tels que "True faith", "Hellblazer" et "Deadenders".

Cette association "sang pour sang" outre-atlantique donne naissance au présent "Ouvert la nuit", une production quelque peu vampirique. Encore une histoire de vampires, allez-vous dire ? Certes oui, mais d’un genre décalé, qui se détache des clichés habituels à la Bram Stocker. En effet, en cet ouvrage, les humains s’affichent comme des pseudos suceurs de sang (ambiance gothique oblige) et les véritables vampires ont des comportements tout se qu’il y a de plus humain (enfin presque !). Dave, Karl et Jérôme en sont parfaitement la preuve et cachent bien leurs jeux. Ce méli-mélo apporte donc, à ce récit moderne, une certaine originalité et s’appréhende en esquissant un petit sourire en coin. Incontestablement, à quelques moments, les envies de gorges offertes aidant, l’histoire peut être incisive, voire mordante mais ne fond pas dans une débauche d’hémoglobine. Il y est plutôt question d’une amourette improbable entre une belle mortelle et un mort-vivant de surcroît végétarien et asthénique.

Aussi, considérant le thème de départ un peu kitch qui pourrait rebuter le lecteur accro d’effets d’eau bénite et de crucifix, on serait tenté de lâcher la veine scénaristique. Ce serait une grosse erreur ! Car, si le début est un peu apathique, la suite a de quoi vous vampiriser. En effet, on se prend d’affection pour le jeune Dave qui bout dans ses sentiments, épaulé par ses camarades, recadré par son maître/patron et dénigré par son adversaire Wes. Telle une chronique quotidienne, on suit les mésaventures sans excès de cet être buveur de plasma jusqu’à connaître l’ultime rebondissement.

Le travail graphique est indéniable. On pourra être intrigué par la façon dont Warren Pleece croque ses personnages. Plutôt macrocéphales, ils n’en demeurent pas moins inintéressants. Son style peut faire mouche et offrir des perspectives captivantes et colorisées avec soins mais un peu figées à mon goût. Ses personnages (surtout Dave) possèdent une expressivité qui colle bien à leur rôle et un aspect somme toute bien agréable à regarder.

"Ouvert la nuit" est donc une bande dessinée bien sympathique par son originalité et les sentiments qu’elle éveille, à découvrir avec curiosité. Après l’avoir lue, il est certain que vous verrez les boutiques de nuit d’un autre œil !
 

Par Phibes, le 15 mai 2009

Publicité