OUPUS
Les vacances de l'Oubapo

OUvroir de BAnde-dessinée POtentielle = OUBAPO
Il s’agit d’une sorte d’atelier d’expérimentation, de jeu à partir de contraintes formelles telle que, par exemple, construire une planche qui puisse se lire à l’endroit comme à l’envers etc.
Ainsi durant 6 semaines en 2000 les membres fondateurs de l’Oubapo (parmi eux : Ayroles, Gerner, Killoffer, Lécroart, Menu et Trondheim) ont dù, chacun à leur tour, fournir 6 planches, suivant une certaine contrainte, pour le journal Libération. Il n’y a pas d’histoire particulière, on est dans le jeu et la recherche.

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur OUPUS #3 – Les vacances de l’Oubapo

Créé au milieu des années 90 par des membres de L’Association, l’Oubapo est le pendant BD de l’Oulipo, un atelier littéraire créé dans les années 50 par Raymond Queneau et François Le Lionnais. Très vite vinrent se rajouter d’autres grands écrivains comme Perec, Calvino… Cet « atelier » s’amusait à construire des textes sous contrainte, comme par exemple, ecrire un texte sans utiliser une lettre donnée (« la disparition » de Perec, qui en plus de 300 pages n’utilise pas la lettre E) ! le but du jeu consistant à s’amuser de la langue et se sortir de ces pièges linguistiques !
L’Oubapo se propose donc de reprendre certaines de ces « contraintes ». A priori ça parait assez difficile mais ça promet d’être en tout cas très ludique.
La contrainte est l’une des bases inhérentes de la BD qui est avant tout un assemblage de cases qui se lisent d’une certaines façon etc. (vous pouvez trouver sur notre site un autre exemple de jeu à contrainte avec « le cadavre exquis », des auteur doivent s’adapter au récit « imposé » par leur prédécesseurs) Ainsi dans cet album nous retrouvons 6 contraintes déclinées avec plus ou moins de brio qui nous montrent 6 façons d’envisager le langage. En vrac : « le pliage » qui consiste à plier la planche dans sa longueur ou sa largeur pour amener deux lectures différentes en une page. « Le strip croisé », les rangés de cases peuvent se suivre horizontalement et verticalement. « Le palindrome », la planche se lit dans les deux sens, par le début et par la fin. « Itération », on répète une case unique et l’histoire ne se passe que par les dialogues. « Upside down », quand on retourne la feuille on découvre des nouveaux dessins pour continuer le récit. « Morlaque », l’histoire continue à l’infini.
Je me rend compte aussi que ces contraintes sont très visuelles, qu’il suffirait d’avoir l’album sous le nez pour mieux comprendre mais bon…
Alors le principe est génial, j’adore ce genre de démarche. Déjà, j’avais complètement adhéré à l’Oulipo mais voir ces dessinateurs s’essayer ainsi à ces exercices est un pur plaisir. Ce qui m’apparait par contre tout de suite c’est que c’est très inégal en inventivité, autant certain comme Killofer sont des vrais virtuoses de la contrainte, s’ammusant même à changer de style systématiquement, c’est éblouissant, autant d’autre comme Gerner ou Trondheim ne se crève pas trop en fait ! De plus ils auraient pu se contenter de pondre des images sans aucun sens, juste pour le plaisir de la contrainte, eh non, ils ont construit des choses globalement très cohérentes ! Bon c’est vrai parfois c’est un peuchaud à suivre mais globalement c’est de la BD très accessible.
Ce troisième « Oupus » est sorti avant le deuxième, allez comprendre quelques chose à ça ! 😉 Toutefois je vous conseille la lecture de cet album. Primo parce qu’il n’est vraiment pas cher et secundo parce qu’il ouvre les yeux sur un aspect un peu trop souvent ignoré de la création dans la BD, le jeu dans la forme ! Amusez vous à feuilleter et retourner cet étrange objet ;-))

Par FredGri, le 25 septembre 2003

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