Une enquête de Nadir Oualou

 
Dans son bureau situé dans les sous-sols d’une cité du "neuf-trois", le détective privé Nadir Oualou voit un jour débarquer une femme qui le supplie d’aller rechercher en Algérie sa fille dont elle est séparée depuis trop longtemps. Nicole, la cliente, est en effet devenue persona non grata dans la famille de Saïd, l’Algérien qu’elle a épousé, depuis que celui-ci a succombé aux sirènes des mouvements terroristes du F.I.S., le Front Islamique du Salut. Très vite ,son mariage a capoté, tournant au divorce et à la séparation d’avec sa fille qu’elle n’a jamais pu faire revenir auprès d’elle en France, l’accord paternel n’ayant bien entendu jamais pu être obtenu…

Nadir Oualou n’était pas chaud pour cette affaire mais il s’est finalement décidé à la prendre en mains. Avec un cousin à lui habitant Alger et avec un prétexte qui valait ce qu’il valait pour pouvoir gagner la confiance, lorsqu’il le retrouverait, de Saïd à qui il devait reprendre sa fille, il s’est lancé dans l’aventure… Une enquête, oualalaradime !
 

Par sylvestre, le 23 août 2011

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Notre avis sur Une enquête de Nadir Oualou

 
Le dessin de la couverture fait effectivement penser quelque part à celle de Tintin et le Lotus Bleu. Oui, bien vu : grâce à cette poterie derrière laquelle Oualou essaye de se cacher. Mais… regardez… Le titre n’est-il pas aussi du type de ceux auxquels le plus connu des reporters de la bande dessinée nous a habitués ?! Oualou en Algérie : voilà qui sonne effectivement comme Tintin au Congo ! Et vous verrez, ce n’est pas une simple coïncidence… Avec d’autres références distillées ça et là, et notamment un clin d’œil à Jack Palmer dans la toute première planche de la BD, on sent bien que les auteurs se sont amusés à les glisser, mine de rien. Et si d’aventure vous aviez un doute persistant, vous le chasseriez d’un revers de la main en voyant les quatre frères Batata dont l’ombre menaçante noircit la couverture ; quatre frères rappelant fortement les fameux Dalton et dont le plus petit et le plus hargneux est surnommé Mo’ !!!

Une chose est donc sûre : les auteurs de Oualou en Algérie n’ont pas économisé sur l’humour ! Et c’est vraiment une bonne chose pour cette lecture qui en devient vraiment délicieuse, chacun des personnages, qu’il soit du côté des bons ou du côté des mauvais en prenant pour son grade. Cela dit, cet humour omniprésent et bienvenu n’empêche pas le fond du propos d’être dramatique et sérieux, et c’est bien pour cela que cette réalisation est d’autant plus solide et qu’elle est à découvrir d’urgence. Nadir Oualou (un héros dont vous allez avoir envie de suivre d’autres enquêtes, parions-le !) enquête en effet – excusez du peu – dans l’Algérie des islamistes sur un genre d’affaire qui malheureusement concerne sans doute plus de gens qu’on le croit dans la vraie vie : des gens ayant vu leur famille séparée pour des raisons idéologiques et religieuses, des gens dont l’histoire de leur pays a trop pesé et pèse encore sur leurs familles…

C’est en noir et blanc que cette enquête de Nadir Oualou est à découvrir. Gyps au scénario dynamisé par de nombreux flashbacks et aux dialogues (et aux fautes de français, rhâa, dommage !) et son compère Lounis Dahmani au dessin efficace et super bien adapté aux situations et aux trombines ont auto-édité cet album. Ce n’est d’ailleurs pas le premier qu’ils auto-éditent, et vous verrez qu’avoir eu l’occasion de lire cette bande dessinée sera pour vous comme ça l’a été pour moi une véritable chance de découvrir deux talents de conteur et d’artiste, voire d’avoir envie de jeter un coup d’œil à ce qu’ils ont fait d’autre ! Oui, merci messieurs d’avoir finalisé votre projet : c’est vraiment une lecture originale, drôle et intelligente à laquelle vous nous invitez là. Merci par la même occasion de nous avoir emmenés sous ces latitudes qui n’ont pas forcément la cote de notre côté européen de la Méditerranée : si vous faites de l’Algérie un terrain d’enquêtes de fiction pour votre héros Nadir Oualou, vous semblez également avoir le pouvoir de la réhabiliter à nos yeux, de nous la faire rayer de cette liste d’états dont il faut se méfier automatiquement pour l’Histoire qui l’a marquée, de nous donner envie de la (re)découvrir et de l’aimer comme elle le mérite !

Coup de cœur !
 

Par Sylvestre, le 23 août 2011

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