L'homme réécrit

Otto Spiegel est un artiste performeur reconnu, qui travaille sur l’illusion, le reflet. Au soir de sa toute dernière performance, il découvre que ce trajet artistique ne l’a profondément pas épanouit, ni révélé, qu’il s’est continuellement posé la question : « Qui suis-je ? ». Dans la maison de ses parents, il trouvre alors une mallette qu’ils lui ont laissé, dans laquelle il y a le détail de sa vie de sa conception jusqu’à ses 7 ans. Il se plonge alors dans cet étrange voyage introspectif qui va lui prendre des années…

Par fredgri, le 4 novembre 2016

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Notre avis sur L’homme réécrit

Dans cet étrange album métaphysique, qui explore la conscience de son héros au moment ou il opère un retour aux sources de sa personnalité, Marc-Antoine Mathieu retrouve toutes ses thématiques et plus particulièrement celles qui touchent le rapport à la réalité, au sens des choses qui nous entourent et le regard sur soi !

Comme Julius Corentin Acquefacques qui observe le monde et les illusions qui le forment, Otto se rend compte que son œuvre n’est finalement qu’une énorme imposture qui l’a conduit à une voie sans issue, ne lui permettant pas de s’accomplir pleinement !
Au contact de cette malle pleine de documents ou ses parents lui avouent l’avoir observé dans chaque détail de sa vie jusqu’à ses 7 ans, notant le moindre de ses faits et gestes, retranscrivant ses mots, le filmant etc. Otto découvre que, dès son jeune âge, tout était, déjà, pré-écrit, ses gestes futurs, ses gouts, ses aspirations artistiques et ses obsessions.
Ainsi, chacune de ses intentions n’est qu’une réminiscence de sa vie passée, de ses expériences personnelles, dès l’enfance, profondément enfouies au plus profond de son inconscient. Il se redécouvre alors, et progressivement se redéfinit, se réécrit !

Ainsi, de ces multiples détails qui l’ont amené à être celui qu’il est il se redécouvre unique, le fruit d’une succession de détours qui découlent de cette incroyable rencontre entre un spermatozoïde qui se fond dans une ovule !
Ce personnage existentialiste se rend alors compte qu’il n’est avant tout que le fruit de lui même, que ses actes se répètent un peu à la façon de ces miroirs sans fin qui montrent une figure qui se fond dans l’infini… Le premier geste qui influe sur le second, par accident, qui provoque le troisième. L’Art ne lui est donc plus d’aucune aide, sa vérité est ailleurs…

Marc-Antoine Mathieu livre là un album très troublant qui fait réfléchir sur notre nature d’homme préécrit qui s’illusionne sur son Libre Arbitre. C’est pointu, il faut quand même s’accrocher car, pour le coup, il s’agit ici d’une vraie plongée intellectuelle dans la psyché d’un artiste qui s’interroge. C’est profond, captivant, mais ardu !

Graphiquement, une nouvelle fois, l’artiste explore la forme de sa planche, les plongées en abime, l’illusion de cette dimension fictive et narrative. C’est réellement très intéressant d’un bout à l’autre !

Un album à lire la tête reposée !

Par FredGri, le 4 novembre 2016

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