Orycteropus

 
S’il est sensé vivre dans un terrier et se nourrir de fourmis et de termites qu’il attrape avec sa langue gluante, l’oryctérope de Gabriel Delmas est plutôt du genre à gambader de branche en branche et de champignon en champignon…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Orycteropus

 
Alors, un peu de culture, d’abord. L’oryctérope est un petit animal qu’on trouve en Afrique. Un croisement entre, euh… le rat, le cochon, le tapir, le tamanoir et plein d’autres animaux que vous ne soupçonneriez peut-être même pas d’exister ! Il a la couleur d’un petit oiseau tombé du nid ou d’un hérisson avant que ne lui poussent ses pics : une peau rose-blanche au poil ras sous laquelle on devine le bleu des veines… Gasp. Et ses oreilles… ! Il a de ces oreilles ! Aussi longues que sa "trompe" ! Des oreilles semblables à celle d’un lapin. Trop bizarre…

Mais bon, je vais arrêter là ma piètre leçon de biologie, en ayant confiance dans le fait que si vous désirez savoir à quoi cet animal ressemble, internet ou votre bonne vieille encyclopédie vous aidera. Parce que du côté de l’oryctérope de Gabriel Delmas, on a tout autre chose. On a plutôt affaire à un éléphant rose aux oreilles démesurées, à l’allure de peluche toute déguingandée et aux expressions si… Edika-esques !

Et on le voit, sautant de branche en branche. Hallucinant. De champignons en champignons. Hallucinogènes ? Si vous voulez mon avis, ce que l’on voit, c’est de l’impressionnisme. C’est ce que l’auteur nous fait croire voir comme si nous avions consommé, nous, lecteurs, de tels champignons aux propriétés extraordinaires. En somme, cet ouvrage nous permet de consommer – sans danger – de la drogue, de voir défiler devant nous un clip dans le genre de celui qu’on voit dans le Dumbo de Walt Disney quand l’éléphant aux grandes oreilles (Tiens ? Lui aussi !?) est complètement bourré !!! Dessin excentrique, distordu, aux allures parfois de mollusques disséqués pour ces champignons blancs si étranges… Pfiou !!!

Il ne manque plus que la musique. Parce que les "paroles", elles aussi, nous invitent à un grand délire. De la poésie, elles passent à la chanson déjantée ! Et les couleurs !!! Rhâ-la-la !!! Très peu nombreuses, elles sont d’une cohabitation toute calculée, nous faisant sortir les yeux des orbites !

Orycteropus n’est pas en soi une BD mais plutôt un livre illustré dans lequel des pages de dessin (au nombre de 34) sont en vis-à-vis avec des pages de texte (au nombre de 11). Une chose est claire : Gabriel Delmas s’est fait plaisir et veut garder son image d’original du 9ème art. Cet album cartonné petit format des éditions Carabas en est une sacrée preuve et ceux que la tête de mort du logo du titre ne refoulera pas tenteront sans doute ce voyage d’un nouveau genre, ce rêve éveillé, ces visions ahurissantes.

Vous ne connaissiez pas les oryctéropes ? (Un animal bien à la mode en BD : le Fennec de Lewis Trondheim n’en croise-t-il pas un un peu niais ?!) Et bé voilà, c’est fait. Y’a plus qu’à partir en cure de désintoxication après ça !
 

Par Sylvestre, le 15 octobre 2007

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