Première partie

Par une nuit de pleine lune, un moine erre dans une abbaye en ruine, nous sommes en 1793 et Orival a été détruite par les canons de la révolution, victime de sa réussite, de son expansion, de sa richesse. Les moines se sont éloignés de la règle qui leur impose une vie simple et silencieuse loin de la cupidité et du vacarme du monde et, à cette période troublée et violente de notre histoire, la folie des hommes, l’envie et l’appât du gain vont venir brutalement frapper à leur porte.

Par olivier, le 29 novembre 2009

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Notre avis sur Première partie

Mais l’histoire de l’abbaye commence bien avant, au VIème siècle avec Saint Benoit dont la vie est aussi historique que légendaire.
L’histoire de Saint Benoit nait d’un miracle, il aurait guérit un enfant malade en lui apposant la main sur le front, après une retraite en ermite où il communie avec la nature et se rapproche du créateur, il se fait moine et, face à la folie meurtrière des hommes, pour que la raison leur revienne, décide de répandre la parole du Christ de par le monde
Partant d’Enfide, à l’est de Rome, pour aller fonder d’autres monastères, Benoit rédigera la règle qui se propagera bientôt à toute l’Europe en même temps que les monastères bénédictins voient le jour.
En 1070, deux moines arrivent dans une vallée riche et verdoyante, le seigneur du lieu leur fait don des terres et ils commencent à bâtir une chapelle et à semer. C’est ici qu’advient le second miracle, celui de l’anneau d’or de la comtesse Mathilde qui en remerciement fera un don afin que soit construite une abbaye dans cette vallée qu’elle souhaite voir nommée Val d’or.
Le récit de Jean Claude Servais n’est ni une chronique religieuse, ni une transcription en bande dessinée de l’histoire d’Orval. Il s’agit plutôt d’une interprétation romancée de ces deux socles.
Il nous narre son histoire de l’abbaye, mais surtout histoire des gens, moines ou nobles, bourgeois ou paysans, car ce sont les hommes qui vont causer la perte de l’abbaye. Les moines, dépassés par leur réussite, agricole, sidérurgique, amassent une fortune colossale qui ne peut que faire des envieux et surtout jeter le discrédit sur leur ordre et d’un autre coté, la révolution comme toute forme de changement brutal de régime engendre une espèce d’opportunistes sans morale qui prospèrent sur le malheur des autres.
Entre histoire et religion, Servais ne néglige pas pour autant l’amour et la passion, l’abnégation des uns et le méprisable des autres.
Le scénario, construit sur le mouvement du balancier d’une pendule, alterne les allers retours dans le temps, avec des compressions temporelles, sans aucun texte, que Servais nous impose uniquement par l’évocation du dessin.
Dessin toujours extrêmement fin, avec des planches magnifiques, où l’on assiste à une explosion de la nature, une floraison magnifique et un bestiaire typiquement Servaisien.
Le dessin, d’ailleurs et c’est peut-être la force d’être à la fois scénariste et dessinateur, qui fait plus qu’accompagner et illustrer le texte, il le complète et lui répond, un peu comme s’il poursuivait la phrase entamée par le récitant.
Nous avons évoqué le bestiaire de Servais et il est un animal dans cet album que nous ne pouvons passer sous silence, c’est le loup, véritable fil rouge du récit, témoin de l’histoire et toujours en vis-à-vis d’un drame, on peut s’interroger sur sa symbolique.
Le dessin de Servais est toujours aussi envoutant et magique et ne peut que vous conduire sur le chemin de l’abbaye d’Orval.

Par Olivier, le 29 novembre 2009

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