ORIGINE DES CONTES (A L')
Blanche Neige

Une reine se désolait de ne pas avoir d’enfant, chacun connait le début de ce conte des frères Grimm, mais la genèse du récit reste brumeuse, alors, si Blanche Neige n’était la belle princesse que nous connaissons, si l’inspiration de Wilhelm et de Jacob Grimm puisait son origine dans des dits et écrits plus sombres et plus sauvages, nul doute que nous hésiterions tous à la raconter à nos enfants.

Par olivier, le 23 septembre 2013

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Notre avis sur ORIGINE DES CONTES (A L’) # – Blanche Neige

Il était une fois, en plein hiver … , la sempiternelle antienne berce depuis des générations la douce heure du coucher des enfants. Une histoire douce et sucrée où la violence est discrète, à peine trois gouttes de sang et une pomme qui plonge la belle dans un sommeil profond, voici Blanche Neige, un des contes les plus célèbres des frères Grimm qui furent de grands collecteurs de légendes. Ces auteurs de talent, dont les contes bercent les enfants depuis 200 ans, en retranscrirent un certain nombre en les adaptant à la société du XVIII siècle.
L’excellent Philippe Bonifay s’est penché sur le berceau de ces contes, bonne marraine ou méchante sorcière, il nous entraine dans le salon des frères Grimm où Wilhelm viens de sortir de la bibliothèque un volume étrange, un récit autobiographique qui le fascine.
Nous voici revenus à la racine, à la source de Blanche neige et les sept nains. La génèse contée par la plume de Philippe Bonifay où, dans un coin de l’Allemagne, un cirque ambulant promène son spectacle. Bateleurs, jongleurs, montreur d’ours, le petit cirque de bohémiens rassemble une petite troupe hétéroclite.
Dans leurs représentations de théâtre acrobatique, Zita une splendide jeune femme est l’écuyère, mais la vie est difficile et son frère n’hésite pas à vendre ses charmes aux notables des villes où ils s’arrêtent contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Le jour où Zita croise le chemin du comte Frederic Von Stein, veuf et père d’une enfant, Otilie, il tombe sous le charme de sa beauté. Mais sous ces délicieux appâts se cache un esprit torturé, perturbé.
Prostituée par son frère, obligée de partager la couche des amis de ce dernier, elle ne laissera pas passer l’occasion de devenir comtesse et d’enfin tout posséder, même si pour cela elle doit effacer définitivement son passé. Faire disparaitre tout ce et ceux qui la rattache à un passé et une vie dégradante et, puisque son époux a une enfant dont elle est devenue la marâtre, il faudra bien aussi s’occuper d’un si petit obstacle avant de devenir la maitresse absolue des biens de son époux.

C’est un récit puissant, où le venin de la folie s’insinue lentement dans l’esprit de Zita, un récit où le sexe provocateur ou latent mène les hommes, un récit dont la tension monte lentement secouée de terribles soubresauts.
Tout le talent de Philippe Bonifay est là, dans cette écriture tendue, cette construction minutieuse qui happe le lecteur et le laisse pantois à la fin de l’album reprendre lentement ses esprits dans le salon des frères Grimm. Il libère les tabous et nous offre une version crue et sensible qui se passe amplement de l’interprétation de Bettelheim.
Quand un tel scénario est confié au crayon d’un grand Fabrice Meddour, le résultat est un album intense, fort et violent, où l’érotisme est inscrit au sein même de la construction. Lorsque les paroles d’une situation pénètrent les cases d’une autre, lorsque deux histoires parallèles se mêlent intimement, entrelaçant leurs bulles au sein des mêmes cases, l’ambiance de la tragédie s’installe délicatement.
Le dessin de Fabrice Meddour distille à merveille l’ambiance XVIIIème siècle dans cette Allemagne profonde où l’on pourrait encore croire en l’existence des Nibelungen. Ses personnages, criants de vérité, portent l’histoire si naturellement que leurs sentiments nous emportent dans le récit sans aucune restriction.

Voici un album que nous attendions avec impatience mais qui nous récompense totalement, le plaisir de lecture est total, c’est une belle claque esthétique et émotionnelle qui fait très largement ressortir cet album de la masse de parutions de cette rentrée.

Par Olivier, le 23 septembre 2013

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