ORCS & GOBELINS
Kronan

A la tête d’une grande armée de mercenaires, la reine Nawell d’Antarya investit inexplicablement ses propres villages pour y semer la mort en leur sein. Seul rescapé de cette barbarie, l’orc Kronan, capitaine de la garde royale déchu, subit sa propre douleur du haut d’une croix sur laquelle son adversaire Syrius l’a cloué. Alors qu’il prépare à trépasser, apparaît Rabba Karoslav, un chef de bande maléfique qui le délivre de son sinistre sort afin qu’il devienne son lieutenant. Ainsi, après avoir été soigné, Kronan se lance dans des raids sanglants qui lui permettent, au fil de ses nombreux méfaits, de se constituer une très grande armée de brigands aguéris. Cette dernière va lui donner l’occasion de tenter de comprendre le revirement ensanglanté de son ancienne reine et prendre sa revanche sur le sinistre prince Syrius.

Par phibes, le 8 mars 2021

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Notre avis sur ORCS & GOBELINS #11 – Kronan

Sous le couvert de cette aventure inscrite dans le large cadre des Terres d’Arran, Jean-Luc Istin s’est décidé à faire un large clin d’œil à l’œuvre de Robert E. Howard et à son personnage fétiche Conan. S’inspirant de la nouvelle de ce dernier intitulée A witch shall be born, le scénariste nous plonge dans les péripéties vécues par le fameux Kronan, un cul-vert herculéen au charisme débordant et à la force impressionnante.

L’intrigue est certes assez classique, mettant en avant un royaume en danger, une belle reine qui n’en est pas moins et un sauveteur patenté. Toutefois, elle se présente sous une forme ô combien sombre et percutante assurément pas négligeable. Par son biais, l’on découvre le personnage principal promis, tout en guerroyant à tours de bras, à lever le mystère de la folie sanguinaire de sa reine et à reconquérir sa place dans un royaume dévasté.

Qui dit orc, dit évidemment action. Jean-Luc Istin ne nous déçoit certainement pas, tant la puissance et la violence de son récit qui mêle belles femmes et personnages musculeux hors norme font sensation. On savourera tout particulièrement les dialogues en percussion qui accompagnent cette équipée fantasy, toujours aussi bien fleuris, surtout lorsqu’ils émanent d’êtres mythiques comme les orcs. On se délectera aussi de l’ambiance générale volontairement sombre on ne peut plus prégnante dans laquelle on aura le plaisir de retrouver un personnage que nous avons rencontré par ailleurs dans la saga des nains, Torum de l’Ordre des Boucliers, toujours aussi efficient.

Connu pour ses superbes illustrations en couleurs directes sur des séries comme Arawn ou la Cathédrale des Abymes, Sébastien Grenier vient ici faire une entorse à sa méthode de travail en ne produisant que l’encrage. Une fois encore, ce dernier nous prouve son grand talent de dessinateur qu’il décline à la faveur d’un trait incisif assurément réaliste, puissant, massif (pour ce qui de Kronan), esthétique (pour Nawell), profond (on perçoit la noirceur des âmes) et d’une grande richesse de détails (les scènes de combats sont purement impressionnantes), le tout bien sûr relevé par une colorisation efficace de J. Nanjan.

Un Kronan à la Conan qui ne démérite certainement pas. Un bien bel hommage à Robert E. Howard !

Par Phibes, le 8 mars 2021

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