ORACLE
Le petit roi

Dans les débris épars d’une bataille qui vient de se dérouler dans lesquels il cherche désespérément son frère, Homère recroise le vieil oracle qui, par le passé, lui a narré de belles histoires mêlant divinités et mortels. Cette nouvelle rencontre est l’occasion pour le conteur averti d’évoquer à son auditeur privilégié l’équipée de Léandre, roi de l’île de Sérifos, le plus petit royaume de Grèce et qui se permit d’affronter ouvertement le maître de l’Olympe, Zeus. En effet, devenu le souverain de Sérifos à la suite de la mort de son père et de son frère et ayant abandonné non sans douleur sa passion incommensurable pour la sculpture, Léandre se charge rapidement de la gestion pesante de son peuple. Répondant aux exigences de la coalition à laquelle il appartient, Léandre et ses armées participent à de nombreuses batailles contre les ennemis de la ligue. Jusqu’au jour où il prend la décision publiquement de ne plus rester sous la protection d’Athènes. Son peuple étant désormais isolé, Léandre ne peut s’empêcher de se demander s’il n’a pas commis une erreur et fait appel au jugement de Zeus. C’est alors que ce dernier lui apparaît et lui fait part de sa réprobation. Une opposition naît entre les deux qui débouche bientôt sur une mise à l’épreuve. Léandre doit émouvoir Zeus en créant une statue à son effigie.

Par phibes, le 28 août 2014

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Notre avis sur ORACLE #3 – Le petit roi

Dans une régularité remarquable, la série-concept Oracle initiée judicieusement par Jean-Luc Istin se complète conformément à l’échéancier prévu à l’ouverture de cette opération éditoriale par la maison Soleil. Après avoir évoqué la vengeance de la Pythie de Delphes et celle de l’esclave de Thrace, voici venir le tour d’entendre la riposte de Léandre, roi d’une des Cyclades, la petite île de Sérifos. Pour l’occasion, c’est le productif Nicolas Jarry et le non moins averti Gwendal Lemercier qui se collent à la réalisation de ce troisième volet.

La période estivale lui étant bénéfique (il est l’origine de Troie tome 3, Elfes T7 et le présent), Nicolas Jarry nous offre une histoire qui, comme le veut la série, génère une nouvelle rencontre entre Homère et le vieil oracle. De celle-ci, jaillit inévitablement une légende qui se veut mettre en confrontation un mortel et un dieu de l’Olympe à savoir Léandre le sculpteur de Sérifos et Zeus, le grand patron de l’Olympe sollicité pour la deuxième fois dans la série après l’esclave.

Il ne fait aucun doute que la qualité est à nouveau au rendez-vous. Ce nouvel opus se démarque quelque peu des deux précédents par le fait qu’il se veut se rattacher à non pas une vengeance en tant que telle mais plutôt à une mise à l’épreuve divine qui a l’avantage de tourner autour d’une passion, celle de l’art et en particulier de la sculpture. Ainsi, Nicolas Jarry trouve la juste évocation pour nous faire partager des sentiments nobles, loin des faits guerriers violents, dans une sagesse et une humanité suscitant de nombreuses émotions. A cet égard, la quête dans laquelle est plongé le petit roi bénéficie d’une certaine démesure, certes par l’association avec le divin mais aussi par la grandeur d’âme des personnages. Et en cela, l’on peut concéder que le scénariste a finement travaillé ses dialogues dans une justesse spirituelle presque philosophique réellement captivante.

Le dessin de Gwendal Lemercier correspond sans équivoque à la charte graphique de la série et illustre superbement l’équipée de Léandre. Adepte de l’univers fantastique celtique, ce dernier sait également jouer sur d’autres dimensions picturales comme ici la mythologie grecques. Le charme opère sans difficulté par le réalisme de son trait, de sa richesse de ses décors et de l’émotivité de ses personnages, le tout mis en évidence par un choix de couleurs bien pesé.

Une troisième vengeance admirablement contée, qui met en exergue un combat non pas par les armes mais par le feu de la passion et de l’humanité. Un tome qui prend toute sa place dans la saga !

Par Phibes, le 28 août 2014

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