ORACLE
La Pythie

Un vieil aveugle qui arpente les chemins escarpés de la Grèce antique atteint la ville de Delphes. Apostrophé par de jeunes enfants, il se voit invité à raconter une histoire. Contre une offrande régénératrice, l’homme s’exécute de bon gré et narre l’histoire se rapportant à Aspasie, grande pythie du temple de Delphes dédié au dieu Apollon. Reconnue par tous pour sa superbe beauté et ses divinations exceptionnelles, elle ne manque pas, contre une généreuse rétribution, de mettre son don au service de tous les hommes qui viennent la consulter en son temple et qui veulent connaître leur avenir, qu’il soit bon ou mauvais. Jusqu’au jour où Apollon, totalement subjugué par la beauté de la Pythie, se présente à elle et sans aucune forme de procès, la prend de force. Marqué dans sa chair, elle réagit quelques jours plus tard en annonçant une nouvelle vision et demande à ce qu’Eurycratides, le roi de Sparte qu’elle a déjà croisé, se présente à elle. Elle lui fait part de sa divination lié au destin du monarque et le pousse à sauver l’Olympe en tuant hommes, monstres et dieu. N’y aurait-il pas l’ombre d’une vengeance ?

Par phibes, le 20 mars 2014

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Notre avis sur ORACLE #1 – La Pythie

Alors qu’il en a, semble-t-il, presque fini de sa série concept dédiée aux Elfes (cinq tomes sont parus à ce jour), Jean-Luc Istin se lance dans une autre saga de même acabit toujours sous l’aile protectrice des éditions Soleil. Cette fois-ci, le lecteur est invité à découvrir un nouvel univers basé, non pas sur la mythologie celtique, mais sur celle concernant la Grèce Antique, avec ses dieux et ses nombreuses légendes. Fort de ce cadre ô combien riche en légendes et en actes guerriers, le concepteur y a introduit le fil rouge qui doit relier les cinq albums prévus, réalisés par différents auteurs, et qui porte sur la narration d’une vengeance perpétrée par cinq mortels sur leurs dieux malintentionnés.

C’est à Olivier Péru, auteur prolifique à la créativité incontestée (Zombies, Mjöllnir, In Nomine, Lancelot, Nosferatu…), qu’échoie l’ouverture de cette série. Ayant déjà participé précédemment à la saga Elfes, ce dernier vient ici nous introduire dans une histoire dramatique de représailles particulièrement entreprenante, assumée par un personnage tout en féminité et en finesse, la fameuse Pythie.

Aux allures de conte ancestral, ce récit a l’avantage d’être clair dans sa forme et de nous faire découvrir une vengeance entreprenante, remarquablement fluide et structurée, avec une bonne dose de surprises et de faits d’armes. Olivier Péru a évidemment, pour cela, dû s’appuyer sur une documentation historique pour le moins riche et en tirer la substantifique moelle pour constituer son intrigue autour de la belle et comploteuse Aspasie. Tout en s’appuyant sur des lieux et des personnages authentiques, et également sur ces charismatiques divinités qui composent la mythologie grecque, le scénariste a su réaliser une histoire subtile, pour le moins assez sombre et bien rebondissante. Il ne fait aucun doute que la destinée de la prêtresse associée à celle du conquérant Eurycratides est suffisamment épaulée par des faits d’une rare intensité (due à la mixité hors norme entre humains et divinité de l’Olympe) et par un jeu de dialogues taillés sur mesure.

La mise image servie par le dessinateur italien Stefano Martino se veut de qualité. Ce dernier nous livre un style certes assez conventionnel mais suffisamment explicite pour nous plonger dans les ambiances de la Grèce antique et de ses sites légendaires (le mont Olympe). Le travail qu’il produit sur les décors est remarquable en tout point (voir pour cela les planches intégrales) et se veut sublimé par le jeu de couleurs de Digikore Studios. Côté personnages, l’œuvre ne manque pas d’attrait tant les attitudes, les expressions de ceux-ci sont convaincantes et contrastées, de par leur douceur ou leur violence. Les scènes de batailles sont impressionnantes, certaines apparitions monstrueuses étant réellement et massivement surprenantes.

Une ouverture d’une nouvelle série-concept réussie en tout point qui a l’avantage de donner envie d’aller voir ce que réserve le prochain (L’esclave) qui devrait paraître en mai 2014.

Par Phibes, le 20 mars 2014

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