OPERATION VENT PRINTANIER
Première partie

Dans le Paris de l’Occupation, la vie n’est plus là même pour ses habitants. Il y a ceux, majoritaires, qui subissent les privations et la répression. Il y a les autres, des affairistes soucieux de gagner en statut social, qui savent profiter de la situation. Finalement, chacun essaie de s’en sortir, en évitant de trop se préoccuper des autres. De l’indifférence au dédain, le pas est facile à franchir. La haine antijuive trouve là un terreau qui va faire flancher les consciences vers l’impensable. C’est ainsi que le destin de gens ordinaires peut basculer.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur OPERATION VENT PRINTANIER #1 – Première partie

Richelle, auteur d’Amours Fragiles, s’intéresse à nouveau au nazisme et plante le décor de cette nouvelle histoire dans le Paris de l’Occupation. Il nous raconte, à travers la vie de plusieurs personnes « ordinaires » le dur quotidien de cette époque, la collaboration avec l’ennemi, le marché noir et les affaires qui se montaient entre commerçants français et  services allemands.

C’est une manière assez juste de nous permettre de comprendre comment, sournoisement, la montée de la haine, ou tout au moins de l’indifférence, va changer les mentalités et aboutir à l’impensable. Car, au-delà de la vie parisienne de l’époque, les auteurs nous entraînent progressivement vers la conclusion terrible de cette collaboration, de cet antisémitisme montant, à savoir la rafle des juifs, sous le nom de code « Opération Vent Printanier » . Dans la seule Paris, 9000 policiers et gendarmes vont y participer entre les 16 et 17 juillet 1942, arrêtant 13000 personnes au nom du gouvernement de Vichy. Le plus tristement célèbre épisode de ces deux jours sera la rafle du Vel d’Hiv.

Pour nous raconter cela, nous allons suivre la vie de quelques personnages parisiens entre janvier 1941 et juillet 1942. Il y a l’adorable Charlotte, dont le père est un gendarme honnête et réaliste, ses amies insouciantes ou son nouvel ami, un soldat allemand. Il y a aussi Lucien, qui a un nom à consonance juive et qui fait du commerce pour un ami affairiste, le tout très indirectement pour les Allemands. Leurs vies se croisent et avancent au rythme d’une Occupation toujours plus inquiétante.

Le tout est très bien raconté et installe la suite de l’histoire. Ce livre sera, en effet, suivi d’une seconde partie sans doute bien plus dramatique de la première. Pour l’heure, il s’agissait avant tout de planter le décor, de nous transporter d’un lieu à l’autre de l’Occupation parisienne et de nous faire connaître tous les protagonistes. Ceci fait, la valse des malheurs va abattre son implacable logique, comme le prouve d’ailleurs la dernière planche du livre.

L’ensemble est intéressant et le lecteur se laisse prendre facilement par ces vies. On pourra regretter, parfois, de ne pas rester plus longtemps avec l’un ou l’autre des personnages, mais l’exercice est complexe dans la mesure où l’auteur a souhaité suivre plusieurs destinées pour nous permettre d’avoir une idée plus générale de l’esprit de l’époque. Difficile, dès lors, de pouvoir découvrir les acteurs de l’histoire dans toute leur complexité. Ce sera mon principal regret.

Pour le reste, saluons le travail de Wachs qui réalise de superbes planches. Sa galerie de personnages est très réussie et nous plonge efficacement dans la capitale française en ces heures troubles. La mise en couleurs de Domnok sied – elle aussi – à cette ambiance, avec des coloris un peu rétros. Du joli travail.

Par Legoffe, le 1 septembre 2008

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