Opération Soleil de Plomb

Août 1945, l’Allemagne nazie a pris pied sur le continent africain.
Octobre 1946, la SS entre au Congo belge, afin de prendre le contrôle de ses mines d’uranium et de coltan. Sur place, la résistance, qui semble être organisée par un reliquat des forces Alliés, commandé par le Général Leclerc, met les forces allemandes à rude épreuve. Le Reich décide alors d’y envoyer une unité constituée d’hommes des légions pénales. Sa mission : trouver Leclerc et ses hommes, et les éliminer.

Par PEK, le 14 décembre 2010

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Toute la BD, que de la BD !

2 avis sur Opération Soleil de Plomb

Quel bonheur d’avoir entre les mains le nouvel opus si attendu de cette splendide série qui aura été au coeur de toutes les attentions de l’année 2010 : BLOCK 109.
Avec de nombreux prix remportés (Notamment le prix 2010 des rédacteurs de Sceneario) nos jeunes et talentueux auteurs Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas nous ont offert un spectacle aussi grandiose qu’inattendu, aussi complet que complexe, aussi beau que majestueux.

Mais revenons à nos SS. On s’en souvient, suite au succès rencontré par Block 109, les auteurs s’étaient lancés dans Etoile Rouge, travail contesté par la critique qui a eu du mal à se faire à ce retour au format "classique" de BD Franco-Belge, ainsi qu’à la diminution des pages. Qu’en est-il alors de Soleil de Plomb ? Défi relevé ? 

De prime abord la couverture de ce nouvel opus est tout simplement splendide. Servie par de magnifiques couleurs et une mise en page sobre mais efficace elle ne vous laissera pas longtemps indifférent dans votre librairie et vous vous sentirez attiré, obligé de l’ouvrir.

Le scénario de ce nouvel opus est quand à lui très très bien trouvé. Quiconque aime un tant soit peu l’Histoire et plus précisément les évènements qui se déroulèrent en Afrique lors de la seconde guerre mondiale ne sauraient qu’apprécier ce passé alternatif qui nous est offert par Vincent Brugeas. L’idée de base, créer une résistance de rescapés de la grande hécatombe de l’opération "Nuit Noire" est excellente, la faire diriger par le Général Leclerc menant des opérations de Camisards est splendide. Je sais que je ne me restreint pas sur les superlatifs concernant cette oeuvre mais il faut dire qu’un si bon travail se doit d’être mis en valeur.
Les évènements se succédant à un rythme effréné le lecteur saute d’une intrigue à l’autre, d’un combat à l’autre et aucun moment de répit ne lui est accordé. L’arrivée de la Légion Pénale déclenche alors chez le lecteur un sentiment pouvant s’identifier à de la peur sans en être vraiment, voir à de l’interrogation : Quelles seront les conséquences de l’envoi de cette légion sur le sort du Congo ? Je ne vous le révélerai pas et vous laisse tout le loisir de le découvrir et de l’apprécier …

Il est souvent dit que les amateurs de Bandes-Dessinées sont aussi amateurs de Cinéma et bien cette BD en est un parfait exemple, tout en lisant ces planches je vous laisse découvrir quelques références aux films cultes de ces milieux de jungle hostiles. De Prédator jusqu’au 13ème guerrier tout en passant par Apocalypse Now, Ronan Toulhoat sait se servir des meilleurs effets visuels pour plonger son lecteur au coeur de l’action et le faire s’enivrer de victoires (ou de défaites…) ensanglantées !
Au fur et à mesure des albums de la série on sent le dessin s’affirmer et gagner en maturité, les personnages sont plus fluides et les mouvements plus réalistes encore (Est-ce possible me direz-vous ?). Ronan Toulhoat reste maître dans l’art des explosions et de l’action, ses hélicoptères sont splendides et très bien renseignés et ses soldats sont à mi-chemin entre Platoon et les véritables uniformes SS. La moiteur de la jungle est palpable, les sentiments humains allant de l’effroi à la colère en passant par la pitié et la traîtrise sont tous bien représentés. Les critiques qui avaient pu paraître lors des précédents tomes sur l’impossibilité de différencier les personnages ne peuvent plus tenir ici ! Rien à redire ! 

En ce qui concerne les nouveautés et autres traits de génie des auteurs vous noterez la subtilité de situer l’action au Congo Belge peuplé de forêts verdoyantes, cela permet subrepticement de faire évoluer les personnages au coeur d’un univers qu’on ne saurait dire s’il s’agit de la guerre d’Afrique du Nord, du Vietnam ou de l’Indochine française. De plus, l’apparition des hélicoptères nous donne une raison supplémentaire de nous interroger à ce sujet, en effet dans notre passé (Et non celui alternatif de Block 109) les hélicoptères furent utilisés pour la première fois en zone de combat au Vietnam par l’armée Américaine. Mais comme alors, bien que ces appareils donnent un avantage certain à leurs possesseurs, l’issue d’une guerre n’en est toutefois pas encore définie. 

Ainsi, je vous engage à débuter votre année sur de bonnes bases chers bédéphiles et autres lecteurs occasionnels. Que vous aimiez l’histoire ou non, l’action ou non, la BD ou non, il serait impensable de passer à côté de cet opus qui est et qui reste dans la lignée de ces nouveaux albums qui sont le renouveau de la Bande-dessinée en France et son avenir ! Un grand Bravo aux auteurs et comme on dit souvent : Pourvu que ça dure ! 

Par PEK, le 14 décembre 2010

C’est grandiose et magnifique, une lecture qui vous prend et vous emmène au cœur de la jungle, au cœur de la folie meurtrière, dans une Afrique équatoriale chaude et humide.
Le scénario est remarquablement construit, la tension monte petit à petit, élément par élément, inexorablement Vincent Brugeas assemble le piège où les hommes font aller s’enfermer.
Cet album qui s’inscrit directement dans l’uchronie de bloc 109, met en avant un nouvel épisode de cette guerre cette fois sur le continent africain. En filigrane, par petites touches discrètes, Vincent Brugeas nous dévoile les véritables motifs de cette invasion, de cette occupation, le minerai précieux : l’uranium, le coltan, les diamants ou l’or. L’important n’est pas l’invasion de l’Afrique, c’est la possession des mines, clef de la victoire sur le front de l’est.
Au milieu de ce maelstrom terrible, il nous conte avant tout une histoire d’hommes, de caractères, de destins. Tout comme dans ses deux premiers albums, les personnages ont une vraie profondeur, ils vivent et souffrent, acteurs désabusés ou rebelles convaincus, aucun ne nous laisse indifférent.

Qui pourra gagner cette guerre, celui qui la croit juste, que l’on appelle résistant ou terroriste selon le coté de la barrière où on se trouve?
Il est des hommes qui peuvent décider de prendre leur destin en main, ceux-là ne sont pas les vainqueurs arrogants et conquérants que l’histoire a pu nous montrer. Cet album est aussi un hommage aux humbles, aux opprimés, à ceux que l’on méprise. La lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Dans ce grand bouleversement mondial, personne ne sort vainqueur, sauf les survivants de quelque bord qu’ils soient
On retrouve le souffle épique de block 109, sans le coté fantastique mais toujours avec la fureur et le bruit, avec cette intrigue bâtie autour de l’humain, de ses convictions, de ses ambitions.

Des musiques viennent titiller l’oreille, The Doors bien sur, ou Vangélis, un rythme puissant, violent et envoutant qui souligne magnifiquement le destin de ces soldats de la Wehrmacht s’imaginant être les seigneurs des lieux et confrontés à un ennemi qu’ils ne soupçonnaient pas, tout empreints de leur arrogance et de leur supériorité.

Par Olivier, le 11 mars 2011

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