Les onze mille vierges

Au 4ème siècle après J. C., Maurus, le roi chrétien de Britannie, a décidé de donner en épousailles sa fillotte Ursule, à Aetherius, le fils du roi païen d’Anglia. Si ce rapprochement peut être bénéfique pour les deux royaumes, il n’en demeure pas moins qu’il va à l’encontre de ce qu’espéraient les deux promis. En effet, la jeune et prude Ursule, qui a été prise sous la tutelle de nonnes, a fait vœu de chasteté et réserve sa virginité uniquement à Dieu. De son côté, Aetherius, en bon païen, cultive la débauche auprès des palefreniers poilus de son domaine. Alors que les nonnes qui assurent son éducation chrétienne cherchent les moyens de faire capoter ce mariage inique, Ursule prend le parti, sous le l’égide d’une vision divine, d’accepter l’union sous réserve de faire un pèlerinage jusqu’à Rome chez le Saint-Père. Pour ce faire, elle devra être accompagnée dans son périple de onze mille vierges. Cette odyssée qui s’engage va bientôt contribuer à la montée en puissance de la légende d’Ursule la sainte de Cologne.

Par phibes, le 6 juin 2016

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Notre avis sur Les onze mille vierges

Connu pour ses histoires humoristiques à l’homosexualité débridée, l’auteur allemand Ralf König revient sur les étals de nos chers libraires pour nous présenter sa nouvelle création. Cette dernière se veut une revisite (très personnelle et on ne peut plus imagée) de la légende de Sainte Ursule, sainte patronne de ville de Cologne en Allemagne.

A n’en pas douter, l’artiste s’en donne à cœur pour narrer cette légende historique. Bousculant comme il sait le faire tous les tabous, ce dernier joue abondamment la carte de la dépravation. Chrétiens et païens se voient réunis sous la même bannière, celle de l’impulsivité sexuelle qui se traduit dans des situations souvent assez scabreuses.

Il n’en demeure pas moins que cet étalage grossier qui égratigne sans vergogne les fondements religieux bénéficie, malgré tout, d’une bonne dose de dérision. En dépit d’une vision très sado-maso de la gente ecclésiastique (les moines, les nonnes et même le pape ne sont pas épargnés) et d’antagonistes païens particulièrement immoraux, on se laisse porter par ce déballage incisif et provocateur, à apprécier évidemment au troisième degré. De fait, l’humour se trouve à tous les étages et nous transporte au rythme d’un exode totalement décalé et délirant.

Pour porter ce message caricatural, Ralf König use de ce trait certes simple mais particulièrement efficace qui lui sied complètement. Ses personnages aux faciès de primitifs ont l’avantage, de par leurs expressions maîtrisées et de leurs gestuelles parfois osées, de nous faire bien rigoler, et ce, dans toutes les situations, même les plus incorrectes.

Une reconsidération de la légende de Sainte Ursule à la sauce pimentée façon Ralf König, assurément pas piquée des vers, à réserver toutefois à un public averti.

Par Phibes, le 6 juin 2016

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