ONTOPHAGE
Pierres de brume

Depuis quelques temps, la ville de Paris est secouée par des incidents pour le moins insolites. En cette fin de novembre 1866, c’est la découverte au cimetière du Père-Lachaise d’un homme transformé en pierre qui sème l’incrédulité au sein de la Capitale. Comment telle chose peut se produire ? Tandis que la police tente de comprendre l’incompréhensible, Tristan Sphalt, un chroniqueur à sensation frais émoulu du Petit Journal, se voit confier la délicate tâche d’en relater les faits. Alors que ce dernier entame de minutieuses investigations, un bourgeois cachant bien son jeu, Emile d’Onfroy, vient s’immiscer dans ses recherches. Voilà bien des mystères !
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ONTOPHAGE #1 – Pierres de brume

Les Editions Emmanuel Proust ont le grand avantage de sélectionner et de publier des ouvrages d’une qualité indéniable. "Ontophage" en est l’exemple flagrant. Réalisé en solo par Marc Piskic, un auteur dont le talent est maintenant avéré, cet album nous embarque dans une affaire policière d’une teneur historico-fantastique des plus vigoureuses et à la hauteur des enquêtes narrées par Sir Arthur Conan Doyle. Il est certain que les travaux graphiques que le jeune artiste a menés dans la série "Agatha Christie" lui ont été bénéfiques pour camper les ambiances policières qui se dégagent du présent récit. Toutefois, il va au-delà de la formule classique et y rajoute sa touche personnelle pour rendre l’affaire dont il est question anti-conformiste et auréolée de fantastique.

"Pierres de brume" est une sorte de prologue à une série qui va s’étaler sur quatre albums. Hormis le fait que cet épisode très prenant nous présente les personnages récurrents, il dévoile également le contexte historique, celui d’un Paris et de ses sous-sols sous le second Empire, et bien sûr, l’énigme qui va faire vibrer le lecteur. Cette dernière, qui se déroule posément, est certes singulière par son avènement dès les premières planches (pensez donc, un homme statufié !) et sera maintenue au gré des investigations journalistiques de Tristan Sphalt et au travers des apparitions suspectes de son compagnon Emile d’Onfroy. Car, il faut le dire, les personnages de Marc Piskic sont fort bien conçus, présentant une consistance caractérielle bien pensée. Secondés par des dialogues aux formules raffinées, respectueuses mais directes, les intervenants au récit reflètent à la perfection la vie sous Napoléon III.

Marc Piskic n’est pas seulement un scénariste, il est aussi un dessinateur on ne peut plus habile et prometteur. Selon un style qui rappelle celui de Cyril Bonin, il fait étalage d’un travail excellent dans les perspectives et les couleurs, en réalisant des graphiques aux proportions éclatées mais toujours dans une recherche réaliste admirable. Evoquer l’Histoire par le dessin ne le rebute aucunement. Il nous le prouve en restituant dans une foule de détails l’atmosphère parisienne embrumée d’antan qui ne peut laisser indifférente.

Réalisée par un auteur polyvalent (scénariste, dessinateur, coloriste… et mélomane averti), "Ontophage" est une enquête intrigante et très attrayante devant laquelle très peu de lecteurs resteront de pierre, ça s’est sûr ! La suite au prochain numéro et vite !
 

Par Phibes, le 14 juin 2009

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