ONTOPHAGE
De gris figé

Après son équipée dans les sous-sols lugubres du cimetière du Père-Lachaise à la recherche d’indices sur l’incroyable transformation en pierre d’Arsène Bartissol, le rédacteur novice du Petit Journal Tristan Sphalt se retrouve sans raison apparente dans une vieille demeure isolée et en mauvais état, de laquelle il ne peut s’extirper sous peine de perdre définitivement la mémoire. Qui plus est, en ces lieux lugubres battus par le froid ambiant et la folie, se dressent des apparitions fantomatiques qui poussent le pauvre journaliste à se terrer pour éviter de perdre jusqu’à son âme. De fait, ce dernier, prisonnier d’un piège maléfique, semble promis à faire et refaire son étrange manège dans lequel il pourra être amené à croiser son double. Pourra-t-il tout de même trouver l’occasion de se sortir de cette situation ô combien torve ?

Par phibes, le 1 juin 2011

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Notre avis sur ONTOPHAGE #2 – De gris figé

Deux ans déjà se sont écoulés depuis la publication du premier épisode qui nous plongeait dans une énigme surprenante liée à la découverte au cimetière du Père-Lachaise du cadavre d’un homme changé en pierre. Piskic revient donc à la charge avec ce nouvel opus qui, n’ayons pas peur des mots, entretient le mystère le plus complet sur cette affaire et sur les autres cas hors normes qui l’accompagnent et qui perturbent la vie parisienne sous le second empire.

La chape de plomb qui recouvrait les premières péripéties au travers desquelles s’organisait une enquête journalistique menée de main de maître par un jeune reporter, semble peser de tout son poids dans ce nouvel opus. En effet, rien ne transpire quant aux tenants de la sinistre mutation du cimetière. Au contraire, on a l’impression que Piskic souhaite plonger davantage le lecteur dans un trouble plus conséquent, aux accents prononcés de folie. Certes le fantastique prend toute sa puissance grâce au jeu morbide de la demeure et aux apparitions spectrales suceuses avides de mémoires mais l’enquête menée par Tristan Sphalt reste toujours présente et garde toute sa tension au regard des petits contrecoups savamment distillés.

Le travail sur les graphismes est purement époustouflant tant la restitution historique est on ne peut plus probante. Les superbes décors colorisés avec tact sont là pour le prouver, grouillant de détails évocateurs qui plonge le lecteur dans des ambiances d’antan remarquablement concluantes engluées dans un fantastique pesant. De même, se dispensant de toute description narrative superflue, le dessin se suffit à lui-même pour camper une atmosphère compacte, pleine de suspicion et de surprises. Piskic nous subjugue par sa maîtrise de l’ombre qu’il emploie généreusement, dans des effets et aplats qui servent la noirceur du récit et qui mettent en évidence les jeux subtils de lumières.

Un deuxième épisode à la hauteur du précédent, délivrant suspense et rythme dans une nébulosité volontairement maintenue. Vivement le prochain tome qui devrait (on le souhaite ardemment) dévoiler l’ébauche d’une explication.

 

Par Phibes, le 6 juin 2011

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