On sème la folie

 
Cinq copains trentenaires décident de se retrouver le temps d’un week-end, histoire de se revoir, de refaire le monde, mais aussi de "faire le point" : de voir un peu où ils en sont, dans leurs vies…
 

Par sylvestre, le 16 avril 2018

Notre avis sur On sème la folie

 
Le thème des retrouvailles entre amis est forcément inspirant. Dans le cas d’une fiction, il offre une multitude de possibilités au scénariste qui peut inventer autant d’histoires que de participants. Dans le cas d’une histoire vraie ou d’une autobiographie comme c’est ici le cas, "retrouvailles" sonne comme promesse de surprises, de révélations ou de riches réflexions. Il n’en faudrait pas moins pour qu’un auteur se frotte à l’exercice.

Le temps joue pour beaucoup dans ce type d’événement. En effet, plus les années passent et plus les gens sont susceptibles d’avoir changé. Plus les retrouvailles sont intéressantes, donc. CQFD. Des sites internet comme Copains d’Avant peuvent aider à se faire une idée, sans doute, pour avoir dû en aider plus d’un à rechercher d’anciens amis et à réaliser le chemin parcouru par les uns et par les autres. "On s’était dit rendez-vous dans dix ans. Même jour, même heure, mêmes potes…"

Laurent Bonneau est illustrateur. Dans On sème la folie, il y va de son expérience personnelle et met pour nous en images des retrouvailles entre lui et quelques potes. On ne peut pas s’empêcher de sourire lorsqu’on lit sur la quatrième de couverture qu’à trente balais, cinq mecs se sentent de faire "le bilan". On a certes vécu des choses, quand on a trente ans. Mais de là à parler comme des anciens combattants !

Puis, là où, d’un seul coup, tout perd malheureusement de son charme, c’est quand on lit, au détour d’une bulle, que ces fameux copains ne se sont pas revus depuis… un an ! Mouah ah ah ah ! Un an ! C’est comme si on s’était quittés hier, non ? A ce moment, on commence à sentir un peu l’arnaque. En théorie, en un an, cinq trentenaires peuvent effectivement voir leurs cinq vies fortement chamboulées. Exemple : l’un peu avoir eu un gosse, l’autre peut avoir perdu son boulot, le troisième peut être tombé amoureux, le quatrième a pu perdre quelqu’un de cher et le dernier a pu gagner au loto. Mais là, on se rend compte assez vite que l’année qui s’est écoulée n’a pas imposé à nos "héros" des situations hors normes et on pressent que leurs retrouvailles ne vont pas rimer avec anecdotes extraordinaires. Non, là, c’est plutôt du genre : "Ah ah ah, tu te rappelles cette photo sur laquelle on faisait les cons ?". Ou bien on apprend que machin adore la raclette. C’est important, mais bon…

Déception, donc, surtout que les quelques réflexions un peu plus philosophiques qu’on trouve sur la vie, sur la création, sur les traces qu’on laisse sur terre ne sont pas poussées bien loin. (Ça ne devait pas être le sujet central non plus.) On referme donc le livre en ayant l’impression de s’être fait avoir. On était venu chercher du profond, de l’émotion, du magique. On ne repart qu’avec la certitude que Laurent Bonneau est un bon illustrateur mais que ce sujet n’était pas le terrain idéal pour exprimer son talent.
 

Par Sylvestre, le 16 avril 2018

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