On me l'a enlevée

Lors de la fête foraine de Loudain, le bébé Lola est enlevé à sa mère Mélanie. Il va de soi que cet évènement terrible met en émoi toute la population qui, partageant la peine de la mère éplorée, vit au rythme des flashs télévisés d’appels à témoins. Au bar de chez Pichat, alors que l’enquête policière piétine, certains habitants, suspicion aidant, n’hésitent pas à venir s’épancher sur le sujet. Car en ce petit village, tout le monde se connaît et chacun y va de son avis sur la question. Qui a bien pu se rendre coupable d’un tel acte aussi cruel ? Et pourquoi ?

Par phibes, le 22 janvier 2010

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Notre avis sur On me l’a enlevée

Le tandem formé par Séverine Lambour et Benoît Springer se pérennise puisque les deux auteurs se réassocient, après La rebouteuse, pour une nouvelle histoire sombre et empreinte de véracité. En effet, c’est sur un fait de société malheureusement répandu que ces derniers ont constitué leur fiction et qui traite du rapt d’enfant.

La gravité du sujet n’échappe nullement à Séverine Lambour qui relate avec simplicité et subtilité le drame vécu par Mélanie et sa petite fille Lola. Mais plus que de se focaliser sur la mère concernée et son attente insupportable, elle ripe son récit sur les commérages de certains habitants du village, héros involontaires, qui se croisent au bar de Pichat. Par là même, elle permet à ses nombreux intervenants (leur jeu est excellemment mené) d’évoquer pour les uns leurs détresses, pour les autres leurs sentiments personnels sur l’évènement dans des élans de compassion, de critique ou de déduction hâtive et dans des rappels de souvenirs.

Le ton remarquablement entretenu est sombre, lourd de suspicion, et génère un climat malaisé qui, on le conçoit de par son thème, reste des plus inquiétants et pesants. En tant que participant passif aux différents débats nature, le lecteur voit progresser le drame, au travers de nombreuses émotions savamment distillées dans de grands moments de silence ou de réflexion rapide, vers une issue que l’on présage forte et qui se révèle en fait, très amère, radicale, sans concession.

Benoît Springer se sort à merveille de son travail graphique. Relevé par une colorisation primaire efficace, son trait épuré, d’une grande finesse, légèrement imprécis, que l’on a pu apprécier dans La rebouteuse ou Les funérailles de Luce, laisse transparaître toute sorte de sentiments, de réflexions intimes et de sous-entendus. Les expressions les plus intimes de ses personnages sont superbement restituées et se révèlent dans une authenticité chavirante qu’on se plait à apprécier.

Présenté sous la forme d’un album broché, On me l’a enlevée est un one-shot aux accents tragiquement forts qui laisseront, sitôt l’album fermé, un sentiment d’impuissance et un goût amer dans la bouche. A lire sans hésitation !

Par Phibes, le 22 janvier 2010

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