Olympe de Gouges

Montabalnaise de naissance, Marie Gouzes connaît très tôt le mariage, et peu de temps après le veuvage. Pleine de bonne volonté, la jeune femme ne tarde pas à prendre le patronyme d’Olympe de Gouges lorsqu’elle prend ses quartiers à Paris avec son fils Pierre. Baignée par les ambiances littéraires, philosophiques et théâtrales de l’époque, la jeune femme, sous le couvert de son amant Bietrix De Rozière et de son ami écrivain Mercier, se lance alors dans l’écriture. D’abord par des lettres, ensuite par des pièces, Olympe de Gouges finit par bénéficier d’une certaine reconnaissance de la part de la Comédie-Française. L’avènement des prémices rigoureux de la Révolution lui donne l’occasion de publier de nouveaux ouvrages basés sur des principes de liberté, d’égalité et de patriotisme et même de tenter de faire reconnaître les droits de la femme. Son soutien à la royauté, puis son allégeance aux Girondins, la pousse progressivement à rentrer dans une dissidence envers le régime en place, une dissidence qui en 1793, à l’âge de 45 ans, la conduira à la guillotine.

 

Par phibes, le 26 mars 2012

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Notre avis sur Olympe de Gouges

Après avoir retracé soigneusement la vie tourmentée de Kiki de Montparnasse, le duo émérite composé de José-Louis Bocquet et de Catel Muller retrouve le chemin des bacs à l’occasion de leur nouvel ouvrage dédié à une autre femme, moins contemporaine certes, mais qui a marqué également son siècle, Olympe de Gouges. Si ce personnage historique n’est à froid, pas forcément des plus évocateurs, il n’en demeure pas moins qu’il incarne à lui tout seul des idées qui, entre autres, ont eu pour but d’installer la femme dans ses droits.

A l’instar du précédent volume, on conviendra que les auteurs n’ont pas lésiné sur les moyens. En effet, cette biographie qui compte plus de 400 pages se veut généreuse dans l’évocation de la destinée tragique d’Olympe. Très complète quant à la chronologie des faits, elle respecte au moyen d’un chapitrage habile (lié aux lieux de résidence de la principale concernée) les lieux et les ambiances historiques du 18ème (révolution française). On perçoit dans cette énonciation très détaillée que l’effort documentaire est indéniable, époustouflant, prouvant au passage la grande valeur adaptatrice de leurs auteurs. A ce titre, on pourra goûter à l’atmosphère de l’époque restituée par un usage de dialogues très caractéristiques, sophistiqués et ampoulés, à grand renfort d’effets idéologiques et politiques portés par de nombreux personnages plus ou moins célèbres de ce siècle.

La magie opère dès le départ et nous tient en éveil jusqu’à la fin malheureuse que l’on connaît. Le parcours, décrit sérieusement et parfois humoristiquement, met bien en évidence celui d’une femme volontaire et évolutive, qui vivait au rythme de la nation qu’elle défendait, et qui avait l’art d’affirmer haut et fort (et à ses dépens) ses opinions les plus révolutionnaires (dont certaines seront reprises bien plus tard, ayant trait au divorce, aux ateliers pour les chômeurs, à l’esclavage des noirs, au droit des femmes…). A cet égard, on y ressent beaucoup de sensibilité, d’humanisme dans cette mise à l’honneur que les auteurs ont su traiter avec rigueur.

Pour Catel Muller, mettre en images des femmes de caractère n’est nullement un obstacle. Cette dernière n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle a déjà à son actif, hormis Kiki de Montparnasse, Rose Valland, Capitaine Beaux-arts publié chez Dupuis. Par son trait certes un tantinet naïf mais surtout efficace, elle nous restitue une biographie intelligente, dynamique, pleine de sensibilité féminine. Son dessin est gracieux, généreux, plein de vie, historiquement convaincant et très respectueux envers le personnage principal et les nombreuses célébrités.

Un superbe ouvrage biographique très fourni, historiquement fort, qui se veut être doublement commémoratif puisqu’il est publié en même temps qu’est célébrée la journée internationale des femmes (8/03) et qu’il est l’occasion de fêter les 10 ans de la collection Ecritures de chez Casterman.

 

Par Phibes, le 26 mars 2012

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