L'Oiseau Chante Comme le Lui Permet Son Bec

Il ne lui reste plus grand chose, si ce n’est ses deux ou trois amis, ce bout de trottoir devant le bar ou le proprio lui offre de temps à autre un verre ou un café, ou bien Makémond qui lui prodigue quelques soins, lui permet de prendre une douche, de laver ses fringues, avec câlins en bonus. Il regarde la rue, les passants, le flux journalier qui s’anime devant lui. Son regard est désillusionné sans pour autant être complètement cynique. Un jour, un paquet arrive par erreur au bar, on lui demande d’aller le ramener à la bonne adresse, il rencontre alors la petite allemande… Leurs yeux se touchent, quelque chose vient de s’allumer en lui…

Par fredgri, le 9 juillet 2014

Notre avis sur L’Oiseau Chante Comme le Lui Permet Son Bec

On peut commencer cet album en se demandant si l’auteur ne va pas nous ressortir le chapelet habituel plein de cynisme sur la société, mais très vite on se rend justement compte que non.
Loïc Godart évite très habilement de tomber dans l’archétype de l’observateur désillusionné qui observe la déchéance qui l’entoure. Ici, le "héros" est un sans abri assez lucide, qui ne sombre pas pour autant dans une condamnation sans appel du monde, des gouvernants et de tout ce qui pourrait lui peser dans cette société. Il rêve peut-être de sortir de ce bout de trottoir, d’avoir une chambre bien à lui… Mais ce rythme, ces petites habitudes sont aussi son quotidien, sa petite bouée de sauvetage.

Godart évite aussi de se lancer dans les grands discours critique, son héros traverse cette bande dessinée sans vraiment cracher sa haine, sans se lamenter. Il relève la tête, se promène, passe le temps et saisit au passage le regard d’une inconnue, légèrement désespérée elle aussi. Quelque chose se passe, il n’en saisit pas tout de suite les éclats qui s’envolent autour de lui, mais petit à petit l’idée fait son chemin. La jeune fille revient pour le remercier, elle ne parle pas sa langue, mais qu’importe…

Beaucoup de subtilité donc dans cet album assez sobre, pas très démonstratif quand même, qui évite avec finesse les grands sentiments tout en brossant des personnages remarquablement bien caractérisés et attachants. Le scénario n’est pas particulièrement original dans le sens ou il ne présente pas de situations inédites, néanmoins il reste assez prenant, laissant de larges passages au silence, à la simplicité d’un homme qui marche au grès des rues.

Une petite histoire qui mérite largement de s’y consacrer le temps d’une lecture, au calme, la tête reposée !
Merci monsieur Godart !

Par FredGri, le 9 juillet 2014

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