L'oeil du chasseur

Dans un bagne du sud des Etats-Unis, le chef Hunter mène d’une poigne de fer ses prisonniers. En particulier, le jeune Climby, condamné pour vol, se voit subir les sarcasmes de ce gardien zélé à l’œil de verre, passé maître dans le harcèlement moral. Le jour où Climby s’évade, Hunter demande un congé pour poursuivre personnellement le fuyard. S’installe alors à travers le pays une course poursuite à laquelle vont se greffer curieusement "les fils de Gideon" et une jeune blondinette bien entreprenante. Le bayou va être le théâtre d’opérations bien mordantes.
 

Par phibes, le 30 octobre 2009

Notre avis sur L’oeil du chasseur

 Adepte de récits assez noirs, Philippe Foerster ne déroge pas ici à la règle et signe un partenariat payant avec Berthet, qu’il renouvellera par ailleurs avec brio grâce à "Chiens de prairie". Ces derniers nous produisent un ouvrage bien agréable à lire et d’une moralité toutefois assez amère.

C’est dans le sud des States que les péripéties se déroulent, au contact de deux personnages centraux que sont Hunter et Climby. Le premier, gardien borgne atypique, "aimant" la nature humaine, se révèle être un manipulateur des âmes, un façonneur moral zélé qui ne supporte pas les esprits forts. Le second a tout d’un pauvre hère qui ne vit que pour un idéal, celui de se réfugier sur une île en plein marais. La mise en présence des deux protagonistes va donner lieu à une chevauchée non pas fantastique mais d’une teneur intrigante quant à la perversité du gardien.

L’ambiance de la course-poursuite se corsera davantage par l’apparition dès la première planche d’étranges "men in black" qui auront leur mot à dire dans celle-ci. Une explication somme toute étonnante ayant des origines bibliques nous sera livrée, complétée par la présence charmeuse de Sally qui, elle aussi, aura à expliciter le pourquoi de son intervention. Un autre phénomène fera un passage remarqué en la personne de Lebonnard qui confirmera cette atmosphère générale de folie furieuse.

De fait, l’aventure est admirable en tout point et nous assure, sans être des plus originales, d’un suspense prenant. Si le cynisme de ces péripéties est probant, on pourra percevoir de la part du scénariste un certain plaisir à faire grincer les dents tout en distillant un humour cocasse.

Philippe Berthet tire son épingle du jeu graphique en nous régalant de son trait sans bavure, fortement expressif. Par le biais de ce récit, le dessinateur de "Pin-up", "Le privé d’Hollywood", "Les exploits de d’Ivy"… nous dresse une galerie de portraits explicites, véritables caricatures plutôt décalées, qui contribuent à rendre pesante l’histoire. La justesse de son coup de patte a le don de charmer le lecteur adepte de ce style direct extraordinaire. Les décors américains en tout genre sont, de par leur naturalité, un véritable appel au voyage.

Si vous avez la possibilité d’y mettre la main dessus, "L’œil du chasseur" est une bande dessinée sortie initialement en 1988, qu’il est nécessaire de lire pour apprécier le travail presque naissant de deux auteurs qui ont fait, depuis, largement leurs preuves.
 

Par Phibes, le 30 octobre 2009

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