NUIT SAFRAN
Albumen l'éthéré

En la forteresse de Nuit Safran, la situation est d’une extrême gravité. En effet, Aouta, deuxième fils du baron, aveuglé par la jalousie qu’il entretient envers son frère aîné Bourdon, s’est lâchement acoquiné avec l’ennemi juré de la baronnie, Roq Blême. Son père Enguerran, courroucé, décide de l’envoyer chez son oncle pour redorer son image. Mais comble de malheur, Bourdon est victime d’un accident de joute qui le transforme en légume et le baron est en proie à un empoisonnement mystérieux. Alors qu’Aouta tente de profiter de ce moment funeste, Libbelule, sa sœur, se voit investie par son père mourrant d’une mission essentielle, celle de préserver la baronnie de la trahison de son frère cadet. Pour cela, elle devra conserver la preuve de la culpabilité de ce dernier. Une bien lourde responsabilité qu’elle pourra peut être partager avec son petit frère Moustik et le fantomatique trisaïeul Albumen.

Par phibes, le 1 mars 2010

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Notre avis sur NUIT SAFRAN #1 – Albumen l’éthéré

Accompagné par Melanÿn, Christophe Arleston revient pour évoquer une nouvelle légende de son monde grouillant et magique dont il est le créateur, à savoir Troy. Fidèle à la thématique de sa saga aux saveurs d’heroic fantasy, qui représente pour cet auteur prolifique un vivier inépuisable d’aventures à conter, il se plait à partager ces dernières avec des auteurs à la notoriété déjà bien établie dans le monde du 9ème art. Après Nicolas Kéramidas (Tykko des sables), c’est donc Eric Hérenguel qui s’attelle à la sympathique tâche de faire vivre une de ces fameuses légendes.

Nuit Safran qui s’écarte totalement du climat surchauffé de l’oasis de Mubarre, nous conte l’histoire médiévale d’une froide baronnie gérée par une haute lignée de personnages fidèles à des principes ancestraux bien ancrés. Rien ne vas plus en ce fief puisque le baron en titre, Enguerran, est défaillant (empoisonné) et son fils aîné Bourdon, successeur légal, malheureusement pas brillant. Fort de ce contexte malheureux, Christophe Arleston et Melanÿn nous servent une intrigue familiale basée principalement sur la trahison d’un côté et sur la sauvegarde d’un territoire de l’autre. Pour ce faire, ils opposent, dans une ambiance assez british, deux personnages clés de même sang à savoir d’un côté Aouta, cadet opportuniste et malfaisant, et de l’autre Libellule, la sœur éplorée quant à la charge qui pèse sur ses épaules. Dans cette ambiance conflictuelle, toute aide est bonne à prendre. Moustik et l’éthéré Albumen seront de ceux qui appuieront la mission de Libellule.

Sans bousculer celle de la saga originelle, l’équipée se révèle bien prenante en ce premier épisode qui vient camper les bases d’un drame de famille de nobles. La magie que l’on a pu ressentir dans d’autres recoins de Troy, a certes sa place en Nuit Safran, mais de manière plus pondérée mise à part les nombreuses apparitions spectrales dont celle de celui auquel le présent épisode est dédié. L’humour prend également ses aises de façon plus doucereuse, sans joute verbale ou jeux de mots "laids". Christophe Arleston et Melanÿn gèrent habilement les vicissitudes de leurs personnages bien marqués en jouant sur les espoirs et les désillusions qu’ils distillent généreusement avec suspense.

Eric Hérenguel assure superbement son rôle de dessinateur. Pour les besoins de cette aventure, son style s’éloigne quelque peu du travail réaliste de Lune d’argent sur Providence pour se rapprocher de celui de Krän. On le sent parfaitement à l’aise dans la façon de mouvoir ce nouvel univers auréolé de fantasy dans lequel personnages dont les attitudes sont bien inspirées, et décors moyenâgeux, relevés par une colorisation efficace, se révèlent délicieusement attirants. L’impression de mouvement est convaincante (la joute entre dragon est bien animée) et donne inévitablement une certaine frénésie à ces aventures à l’ambiance juvénile.

Un premier opus bien alléchant et hanté des meilleures intentions : celui de voyager dans l’univers onirique de Troy et d’en faire découvrir ses légendes les plus extraordinaires.

 

Par Phibes, le 1 mars 2010

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