La Nuit - Nouvelle édition

En 1975, Philippe Druillet perd sa femme Nicole, victime d’un cancer foudroyant. Il exorcise sa peine dans un album au pessimisme assumé, pointant l’absence totale d’échappatoire à l’issue finale

Par melville, le 22 février 2014

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Notre avis sur La Nuit – Nouvelle édition

La nuit de Druillet est une nuit sans lune, sombre et vénéneuse. C’est la nuit des mythes et des légendes où il faut combattre pour sa vie. C’est la nuit où seuls les êtres surnaturels survivent, les autres sont broyés. Dans son très bel avis Marie évoquait les inspirations musicales des planches de Druillet et cite notamment La Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner. Cohérent avec la trame tragique de son histoire, le traitement de l’auteur est tout autre. Druillet assèche son propos de tout lyrisme, il ne cherche pas le sublime, mais à faire éclater sa rage au grand jour. Pas de poésie au cœur de La Nuit, elle vient après comme le suggère les vers de Baudelaire qui encadrent le récit. Pour citer une nouvelle fois Marie, on apprend que « Druillet a choisi lui-même une chanson pour accompagner les tribus de la cité dans leur disparition : Brown Sugar des Rollings Stones. ». Tout est dit. Dès lors raisonne l’écho insidieux de la perversion dans les couleurs de Druillet et notamment le vert au teint livide. Couleur de l’espoir ou de la putréfaction de la chaire des zombies, c’est sans conteste la seconde possibilité que choisit Druillet, et elle est aussi celle des sauriens démoniaques qui séduisent leurs proies pour mieux les étouffées par la suite.

Complexe et mal-aimable, La Nuit de Druillet est une œuvre qui n’a rien perdu de sa force rageuse et impressionne toujours près de quarante ans plus tard.

Par melville, le 22 février 2014

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