Nuit de fureur

Little Bigger débarque dans cette bonne vieille ville de Peardale avec la mission de tuer une balance. La mission est difficile car il doit faire passer cela pour un accident, mais pour 30 000 dollars il est prêt à pas mal de choses. Mais tout ne va pas se passer comme prévu, entre une femme fatale, un shérif un peu trop envahissant, et cette foutue tuberculose qui revient, la mission s’annonce compliquée…

Par Arneau, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Nuit de fureur

Cette histoire est l’archétype même du polar noir. On y trouve tous les ingrédients qui font la saveur de ce genre ultra codifié : un malfrat qui se laisse déborder par les évènements, une femme fatale, un bled paumé, des cadavres… Mais on a beau rapidement se faire une idée de la façon dont cela va se finir, on se laisse prendre par l’histoire avec plaisir. Quelle est la recette des auteurs pour nous passionner avec cette histoire que l’on a l’impression d’avoir déjà lu ou vu des dizaines de fois ?
Evidemment l’histoire imaginée par Thompson, monstre sacré du polar américain, y est pour beaucoup dans la qualité de cet album. Le personnage principal, Carl Bigelow alias « Charlie Little Bigger » est particulièrement réussi. Malgré ses défauts physiques et sa tuberculose, il reste un tueur à gage de haute volée et son charisme est évident. Le scénario nous dévoile progressivement les mystères autour de ce personnage, mais aussi ses qualités, ses défauts, ses blessures, bref tout ce qui le rend humain. Et en cela le travail du scénariste Matz, qui s’y connaît en tueur, est très efficace car il nous rend ce Little Bigger de plus en plus attachant et intéressant au fur et à mesure qu’il sent sa fin venir.
Sur cet album, l’auteur a su prendre son temps et étaler son histoire sur 90 pages. L’ambiance est très prenante et aucun des nombreux personnages traités n’est négligé. L’ensemble ne manque jamais de rythme et le scénariste dénoue ses intrigues avec brio. Pour pimenter cette histoire, Thompson a concocté un mélange alcool/sexe/meurtre assez explosif. Et il a su apporter un côté légèrement dérangeant avec cette femme handicapée et cette fin hallucinante qui marquent le lecteur pour un moment.
Miles Hyman a également réalisé un magnifique travail sur cet album. Plus spécialisé dans l’illustration, certains pourront lui reprocher un dessin un peu figé mais son style fait des merveilles sur cette histoire. Il complète parfaitement le travail de Matz et caractérise les personnages, avec maestria, par ses cadrages ou l’expression des visages. Son trait semi-réaliste très particulier est assez hypnotisant et certaines de ses cases peuvent faire penser à des tableaux de Hopper.

Cet album ouvre, avec trois autres titres, une bien belle collection qui semble très prometteuse. Cette collection d’adaptation de livres parus aux Rivages/Noir a pour objectif de laisser carte blanche aux auteurs, autant sur la pagination que sur le choix du graphisme. Et on peut espérer que les rencontres artistiques occasionnées seront aussi belles que pour cet album.

Par Arneau, le 12 mai 2008

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