Une nuit chez Kipling

Quelle part faut-il accorder à la réalité dans le mythe de Dracula ? C’est une question que se posent Rudyard Kipling et son ami l’inspecteur Demm alors qu’ils sortent d’un théâtre de Londres où a été jouée une adaptation du célèbre roman de Bram Stocker.

Au fil de la conversation, Demm va monopoliser la parole pour raconter une enquête qu’il a menée quelques années plus tôt, une enquête ou la démonologie s’était mêlée à la réalité : alors qu’une expédition archéologique en Irak avait été commandée par le Vatican, un mystérieux cylindre avait été rapporté en Europe. Quelques temps après, Londres était le théâtre d’une série d’horribles assassinats qui faisaient se demander aux gens si Jack l’éventreur n’était pas de retour…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Une nuit chez Kipling

On en avait entendu parler dès mars 2005 comme d’une trilogie prévue au catalogue Loge Noire de chez Glénat, mais seul le tome 1 ("Le cylindre") de la série La voix des ténèbres avait vu le jour. Aujourd’hui, c’est en version intégrale (plus de 90 planches), en noir et blanc et au format grand et souple de la collection Integra (Vents d’Ouest) que renaît cette bande dessinée de Jean-Louis Le Hir rebaptisée Une nuit chez Kipling

Quelle lecture dense ! Il y a en effet beaucoup de texte, et de nombreux noms propres apparaissent au fil de la lecture. De quoi assommer un peu le lecteur sous les informations ! Quant à la couleur qu’on trouvait dans la version originelle dont il est question plus haut, elle a disparu au profit d’un noir et blanc qui, au final, est le bienvenu même si certaines planches, dans leur entièreté, ne sont pas toujours très faciles à regarder. En tout cas, le travail de Le Hir fait ainsi fortement penser à un mélange de Bézian, du Léandru de Chabouté ou encore de l’Adèle Blanc-Sec de Tardi.

Là ne s’arrête pas la comparaison, d’ailleurs. Car si l’on considère les ambiances, l’histoire, les personnages, les lieux et les références, on retrouve beaucoup dans cet album de ce qu’on a pu rencontrer ailleurs… Mais Une nuit chez Kipling garde tout de même son identité propre et nous promène dans cette sombre histoire de démon réveillé, nous tenant en haleine dans le labyrinthe scénaristique que Le Hir a imaginé…

Il est manifeste que l’auteur a fait bien des recherches pour planter son décor et y faire évoluer les personnages qu’on y découvre ou dont on entend parler. Allant jusqu’à mettre Kipling en scène (même s’il n’est pas le personnage principal), il introduit d’autres de ses contemporains célèbres, comme Stocker, par exemple, pour ne citer que lui. Il fait tout autant référence à des noms de la BD ; certains sont moins de masqués que d’autres : Hergé, Pratt, Jacobs… Il en profite aussi pour glisser de multiples clins d’œil (un vase rappelant Tintin et le Lotus Bleu, la librairie Rackham, le bateau "Corto", le nom Glénat sur un pignon d’immeuble, etc… ) Il est à noter qu’un lexique de ces clins d’œil se trouve en fin d’ouvrage, doublé d’explications sur des termes rencontrés qui sont autres que des noms de protagonistes.

Une lecture dense, comme je le disais, et une intrigue compliquée font de cette Nuit chez Kipling une BD dans laquelle les amateurs de romans noirs et policiers trouveront leur compte d’opacité et de mystère quand les autres auront peut-être du mal à aller jusqu’au bout…
 

Par Sylvestre, le 18 octobre 2007

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