Nous ne serons jamais des héros

L’existence de Michaël est plutôt morne. Au chômage depuis plus d’un an, il n’arrive pas à trouver le petit plus qui le sortira de sa situation léthargique. Certes, il y a sa famille à savoir sa radine de sœur, Chris, et son teigneux de père, Charles, mais les liens qui les unissent sont quelque peu distendus et ce n’est pas l’enterrement de sa grand-mère qui va les améliorer pour autant. Le jour où Charles lui demande de venir le voir chez lui, Michaël pressent quelque chose de pas normal. Cela se confirme quand celui-ci sollicite sa présence pour l’accompagner dans un voyage autour du monde. Considérant le caractère indécrottable du paternel et également son lourd handicap, tout porte à croire que ce périple va être une sacrée galère. Pourtant, Michaël décide d’accepter le deal et s’embarque dans une équipée à la finalité qu’il n’aurait jamais soupçonnée.

 

Par phibes, le 15 juillet 2010

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Notre avis sur Nous ne serons jamais des héros

La belle collection "Signé" de chez Le Lombard qui ne compte plus le nombre de titres phares dont elle regorge depuis sa création en 1994 par Yves Sente, est complétée par un nouvel album réalisé par un trio de choc qui devrait, sans discussion aucune, prendre sa place auprès des autres auteurs prestigieux qui y ont participé.

Cet ouvrage, c’est comme qui dirait une leçon simple d’humanité, une quête sur la compréhension de l’autre que l’on perçoit au travers de cette association entre fils et père ô combien normale mais si difficile dans le contexte familial que proposent Olivier Jouvray (Lincoln, Kia Ora…) et les frères Salsedo (Ratafia…). D’un côté, on trouve un fils non volontaire, sans avenir, plutôt adepte des galères en tout genre, de l’autre un père tyrannique et handicapé, grande gueule et individu sans concession. Fort de cette ambiance familiale peu ragoûtante, Olivier Jouvray créé, dans une justesse excellente, un moyen de les réunir par le biais d’un voyage planétaire. De fait, à force de changement de territoires, il rétablit des liens entre les deux protagonistes, donne l’occasion à Michaël (et au lecteur également) de découvrir son père, via des souvenirs et des discussions bigarrées, sous un jour qu’il ne connaissait pas.

Malgré la pénibilité caractérielle de Charles, on finit par s’éprendre, tel Michaël, de son personnage qui recèle bien des choses en son for intérieur. On ressent progressivement de la compassion vis-à-vis de cet homme qui semble combler un manque par une asociabilité exacerbée et des sautes d’humeurs sans fin. Au fil des péripéties, les retrouvailles s’organisent dans une émotion ascendante qui ne peut qu’être propice à cette aventure humaine.

Le travail de Frédérik Salsedo est très habile et se cale à la perfection avec la volonté scénaristique de Jérôme Jouvray. Son trait expressif, qui se découvre par le biais d’un découpage classique ou de pleine planche, qui se veut à la fois semi réaliste et caricatural est un vrai régal pour les yeux, conforté par une colorisation sans faille. Personnages (dans leur gestuelle) et décors (dans leurs plans) ont leur intérêt et contribuent à rendre ses dessins fortement probants.

Une superbe quête sans héros sur la découverte probable d’un père par son fils, emplie d’émotions et de bienveillance.

 

Par Phibes, le 15 juillet 2010

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