Nous irons tous au bois

 
On déplore déjà plusieurs victimes, toutes sont retrouvées carbonisées… Un pyromane sévit dans le bois de Vincennes, il est jusque là resté introuvable et la police est donc sur les dents.

On est à deux pas du cœur de la capitale, dans des bois qui redeviennent la jungle, le soir : qui redeviennent un territoire de prostitution et le refuge de nombreux paumés. Les clients arrivent puis repartent… Les SDF divaguent… Seul Rodrigo semble être là animé par une solide motivation : la cabane dont il interdit l’accès aux plus curieux cache en effet l’entrée d’un tunnel qu’il creuse… Vers où ? A voir sa détermination, on comprend en tout cas que c’est du sérieux et qu’il ne vaut mieux pas se mettre en travers de son chemin…
 

Par sylvestre, le 15 février 2015

Notre avis sur Nous irons tous au bois

 
Le dessinateur Gilles Le Coz a signé sa première BD en 2013 aux éditions Sandawe : c’était une histoire humoristique se déroulant dans l’au-delà. Aujourd’hui c’est dans un tout autre registre et dans un style bien différent qu’on le retrouve, au service d’un scénario co-écrit par Alain Austini (Rwanda 1994) et Alexis Sentenac ; dont je ne détaillerai pas la bibliographie tant elle est longue !

Le premier constat est que le passage de l’artiste au dessin réaliste est assez convaincant même si son trait n’est pas encore des plus précis. Mais le challenge est de taille et c’est pour cela qu’on peut quand même parler de belle réussite. Car les difficultés de la mise en images sont bien là : dans Nous irons tous au bois, il y a des scènes souterraines et des scènes en soirée ou nocturnes. Donc sombres. Et il y a aussi des scènes où au contraire, le blanc éclatant de la neige passe maître. Un "grand écart" qui pourrait être synonyme de piège mais que Gilles Le Coz a bien négocié, livrant des planches de qualité homogène quelque soit l’ambiance ; offrant en outre à plusieurs reprises de jolis paysages sans contours s’apparentant plus à de la peinture qu’à du dessin.

L’histoire quant à elle a différents atouts et nous réserve des surprises. Elle nous emmène dans les sous-bois parisiens à l’heure où il ne fait plus bon s’y promener et nous fait faire des rencontres plus ou moins rassurantes avec de nombreux personnages. On entre dans un univers à part, dans un "huis pas clos" où des bons et des mauvais forment un seul et même monde ; un tout cependant construit à partir d’entités qui semblent ne pas être faites pour vivre ensemble… Deux grands axes font le squelette du scénario : l’affaire du meurtrier pyromane et l’affaire Rodrigo. On les suit avec le même intérêt : tout le récit se passant dans une emprise relativement réduite, on sait bien que tout va se tenir…

Nous irons tous au bois est une bande dessinée qui révèle un talent et en confirme d’autres. Qui prouve aussi s’il le fallait qu’une collaboration entre auteurs aux expériences différentes peut fonctionner. Le seul reproche qu’on pourra peut-être faire à cette BD est relatif au livre lui-même, ou plus précisément au texte qu’on peut lire sur sa quatrième de couverture. Car en effet, lorsqu’on commence par lui, on se demande assez longtemps, ensuite, pendant la lecture des planches, où et quand on va retrouver ce qu’il annonce. Un peu trop longtemps, peut-être, même si ça finit par arriver, par s’éclaircir, même si on recolle les morceaux ! N’empêche que c’est c’est un brin déroutant. Or, croyez-moi, on n’a pas envie de se perdre, dans ces bois où "tous nous irons" !
 

Par Sylvestre, le 15 février 2015

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