Nosferatu

"Voilà un an que nous vivons dans ce trou à rats, sans rats hélas. Au début trouver à bouffer était une chose facile mais aujourd’hui… Surtout qu’il y a les manchots, ces fumiers rôdent partout, il faut que je trouve quelque chose pour Imma, quelque chose sinon elle mourra, mon pauvre amour" "Nous avons dû changer, nous, ceux de la surface et ceux d’en dessous. Nourriture, mutation… C’est peut-être pour cela que nous sommes devenus des vampires comme ils disent… (…) Bande de cons ! Est-ce que j’ai une tête de Vampire ?"

Par TITO, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Nosferatu

Ouvrage entièrement noir, au propre comme au figuré, Nosferatu met en scène le monologue d’une créature solitaire dans un monde désolé. Cette mise en scène autobiographique livre la vision noirissime de Druillet sur sa propre existence.
Le tome ouvre sur la mort de la compagne de Nosferatu. « Sans amour, sans public, la création devient de la masturbation (…) Je vais créer quand même… ». Ne subsistent autour de lui que des souvenirs exhumés, telle cette femme en plastique avec laquelle Nosferatu fonde un foyer, icône publicitaire issue d’un passé perdu que Nosferatu s’emploie à mettre en scène. Ses seuls congénères sont un public dangereux et inintelligent, les manchots, qui le poursuivent dans tous les lieux, même les plus reculés, et d’autres vampires (comprendre « artistes ») dont les créations et les intrusions dans son univers créatif (« venir me troubler en pleine création! Faut-il se planquer pour être peinard ») exaspèrent Nosferatu, même si parfois il se prête au jeu d’y participer. On assiste à la quête incessante de l’artiste pour trouver une voie créatrice lui permettant de se satisfaire (manger, Nosferatu a faim durant tout le tome. Mais faim de quoi ?) ou de s’enfuir : « la fiction n’a jamais eu d’autre fonction que celle d’exorciser la mort ».
Nosferatu est une lourde réflexion autobiographique sur l’art et la solitude, emprunte d’une tristesse infinie et d’une force artistique certaine, de par la mise en scène de textes fondateurs (Baudelaire, Hugo…). Etrangement le tome s’ouvre sur une analyse du mythe du vampire au travers de la littérature et du cinéma, sans que cet éclairage n’apporte quoi que ce soit à la compréhension de l’oeuvre. Je comprends avant tout celle-ci comme une métaphore autobiographique, permettant une lecture différente de la vie et de l’oeuvre de Druillet, et apportant une compréhension nouvelle sur la solitude de l’artiste et son rapport à sa création.

Par TITO, le 26 janvier 2003

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