Nos yeux fermés

 
Ichitaro est aveugle. Un jour, en ville, il se fait bousculer dans un escalator et il en laisse tomber sa canne blanche. Ce sera la première fois que son chemin croise celui de Chihaya qui, pressée, ne s’excusera même pas, ni ne l’aidera à récupérer sa canne. Comme souvent, elle était trop pressée…

Habitant tous les deux dans le même quartier, Ichitaro et Chihaya vont se recroiser. Lui, assez bavard, profitera, lors de leur seconde rencontre, de la gêne affichée par Chihaya pour imposer le rythme : il réussira à ce qu’elle accepte de faire un bout de chemin avec lui, puis un autre, un autre jour, et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’entre eux finisse par naître une certaine complicité…
 

Par sylvestre, le 26 juin 2017

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Notre avis sur Nos yeux fermés

 
Il y a des petits airs de L’homme qui marche voire du Gourmet solitaire de feu Jirô Taniguchi dans ce manga, grâce au rythme posé du récit, grâce à de jolis paysages apaisants et grâce aussi à l’un des héros de cette bande dessinée, Ichitaro, qu’on découvre se promenant.

Ichitaro parcourt le quartier dans lequel il vient de s’installer nouvellement. Il nous est décrit comme un jeune homme plein d’optimisme malgré sa cécité, comme un garçon jovial et enclin à faire le premier pas. On dit souvent que lorsque l’un des cinq sens manque à quelqu’un, les autres se développent un peu plus, comme pour équilibrer le handicap. Etant aveugle, Ichitaro s’appuie ainsi beaucoup plus que d’autres sur sa mémoire tactile, sur son ouïe et sur son odorat. C’est d’ailleurs grâce à son ouïe qu’il va reconnaître Chihaya : la pauvrette est alors bien embêtée d’avoir été reconnue après n’avoir pas été correcte avec lui… par un aveugle ! Mais c’est cette sorte de super-pouvoirs qu’a développés Ichitaro qui vont fasciner Chihaya. Les deux vont alors se "voir", se "revoir", et se lier d’amitié.

Ce manga est plein de bons sentiments. Le handicap nous y est en effet montré sous un beau jour, avec comme ambassadeur un jeune homme tout sourire, populaire, bien dans sa peau. Et c’est vrai qu’une personne handicapée n’est pas obligatoirement triste ou laide ! N’empêche, tout va décidément très bien pour Ichitaro : on le voit évoluer dans une vie sans contrainte (si ce n’est qu’il est aveugle…), sans pression, sans besoin d’aller travailler… Il est cool et il fait la leçon aux autres qui "ouvrent alors les yeux" sur la réalité. Contrairement à Chihaya qui en est l’anti-thèse puisqu’elle est une employée speed et pressée comme un citron par son patron !

Nos yeux fermés est un manga optimiste doublé d’une fable qui rappelle aux lecteurs que le bonheur est à la portée de celui qui veut bien l’accueillir et qu’un aveugle n’est pas automatiquement une personne qu’on doit prendre en pitié. C’est une belle fiction portée par un joli dessin à découvrir aux éditions Pika.
 

Par Sylvestre, le 26 juin 2017

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