Nos vies prisonnières

 
Julien Vigan est médecin. Ses journées l’épuisent et le poussent parfois à douter, le renvoyant à ce rêve qu’il avait, jadis, de devenir écrivain. Un jour, alors qu’il est en congés, les circonstances et son métier l’amènent à se retrouver au chevet d’un pauvre gars qui va lui claquer dans les doigts et à qui il va promettre de porter à son fils un manuscrit.

En même temps qu’il mène son enquête pour retrouver le récipiendaire dont il ne sait rien, Julien va lire le fameux manuscrit et va s’en trouver bouleversé. L’histoire qui y est contée n’est autre que celle d’un père qui demande pardon à son fils de l’avoir abandonné… D’un père qui, bien qu’il ait réussi dans son ascension professionnelle, s’est un jour senti prisonnier dans sa vie et a tout laissé tomber…
 

Par sylvestre, le 24 mai 2019

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Notre avis sur Nos vies prisonnières

 
On n’est jamais totalement satisfait de sa vie lorsqu’on traverse des moments difficiles. Dans ces moments-là, on se raccroche à des rêves auxquels on a tourné le dos, à des défis qu’on n’a pas osé relever, bref, à une vie qui aurait pu ou dû être la nôtre mais qu’on n’a finalement pas vécue. Tout laisser tomber, repartir à zéro, changer de regard sur la vie, reconsidérer ses priorités… Qui n’y a pas songé un jour ? Dans notre société où tout va à 200 à l’heure, où les parcours professionnels ressemblent plus souvent à des parcours du combattant et où les entreprises font parfois plutôt office de machines à casser les gens que de terrains pour s’épanouir, ces réflexions sont plus que jamais d’actualité et de nombreux indices le confirment comme le retour à des valeurs de décroissance et de "sobriété satisfaisante", le boom des services de bien-être ou encore la profusion de livres du genre "feel good books".

Dans Nos vies prisonnières de Parno (scénariste) et Castaza (dessinateur), différents destins vont se croiser qui, chacun en leur genre, présentent un exemple de ce mal-être moderne qui pèse sur beaucoup de gens : surmenage, perte de volonté, discutables moyens de s’imposer, manque de confiance en soi, insatisfaction malgré la réussite, envie de faire l’autruche…

Julien Vigan est médecin mais il va devenir enquêteur le temps de cette bande dessinée. Lui-même en proie à un démotivant ras-le-bol, il va sans le savoir mettre les deux pieds dans une histoire familiale qui va le conforter dans son idée que bien des gens vont mal mais qui va aussi lui redire qu’on n’est pas obligé de rester prisonnier d’une situation dont on n’a pas fondamentalement envie.

Le scénario ne se focalise pas uniquement sur Julien ou sur l’homme qu’il va chercher à retrouver : on tournerait sinon en rond et il s’agirait plutôt de repli sur soi, d’égoïsme ou de complexe de persécution. Là, au contraire, c’est "ouvert" : l’environnement et l’entourage de ces deux personnages sont importants et apportent les conseils à prendre, les mises en garde à entendre, définissent les craintes à avoir et le recul à prenre pour passer outre, poussent à la prise d’initiatives, voire mènent à la victoire…

Ça reste bien sûr une fiction qui parle "d’autres", mais c’est une fiction qui donne au lecteur matière à réfléchir sur le sens de sa vie, de ses engagements, de ses priorités… Un one-shot de 130 planches dans un style semi-réaliste qui, en plus d’offrir une agréable pause lecture, vous renverra sûrement à cette partie de votre moi intérieur qui n’a jamais pu totalement s’exprimer mais dont vous savez – et désormais encore plus – qu’elle n’est qu’en veille et qu’il vous suffirait de la réactiver pour que votre vie puisse prendre autrement tout son sens.

Hashtag it’s never too late !
 

Par Sylvestre, le 24 mai 2019

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