Nola

La Nouvelle-Orléans a été frappée sévèrement par un cyclone d’une amplitude telle qu’il laisse derrière lui un territoire profondément meurtri. Dans cette ambiance apocalyptique, une jeune femme tente de franchir un pont qui enjambe la ville noyée afin de retourner chez elle. Vêtue d’une tenue sombre et arborant un masque qui laisse entrevoir un visage en partie mutilé, cette dernière affiche une détermination sans limite et la prouve en éliminant ceux qui lui font barrage. Pourquoi tant de haine si ce n’est que parce qu’elle est animée d’un besoin brûlant de se venger ? De quoi et de qui ? Pour le savoir, un petit bond dans le passé est des plus nécessaires pour se retrouver au moment où la jeune et belle Nola Thomas profite de la vie entre les sermons attentionnés de sa mère, le regard bienfaisant de Mr Jeffries, l’amitié de Cinda et les rendez-vous cachés avec Chevis Turner.

Par phibes, le 1 avril 2011

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Notre avis sur Nola

Les éditions Emmanuel Proust proposent ici la version française du polar du même nom réalisé en septembre 2010 par Pierluigi Cothran et Damian Couceiro à partir du récit original de Chris Gorak, le réalisateur américain de cinéma et publié chez Boom Studios.

Cet ouvrage aux accents comics relate l’histoire d’une vengeance perpétrée par une femme déterminée et blessée dans sa chair. Fort de ce postulat, les auteurs rentrent immédiatement dans le vif de leur sujet, moyennant une évocation suscitant un questionnement imparable. Qui est cette femme masquée ? Pourquoi une telle hargne et un tel décor de dévastation ? Il va de soi que les réponses vont être données certes, mais dans un déballage organisé, à l’aide de flash-back qui viendront s’emboîter dans les péripéties présentes. A ce titre, Pierluigi Cothran, (assistant-producteur de Steven Spielberg pour le film Le Terminal) qui réalise ici son premier scénario de comics, gère subtilement son récit au gré d’un découpage assuré et décapant, via un alternat d’époques bien discernables et des transitions adroitement annoncées par des phylactères.

Nola est une bande dessinée qui ne fait pas dans la demi-mesure. Si l’action est au rendez-vous, c’est surtout la volonté inébranlable du personnage principal et également la violence des faits commis par cette femme blessée soulevant un pan de passé familial douloureux qui tient en haleine le lecteur. A cet égard, ce dernier se voit plongé dans une quête justicière oppressante aux accents radicaux que l’on pourrait comparer à celle perçue dans Kill Bill. Bien sûr, le fait d’avoir choisi d’intégrer cette soif de vengeance dans les ambiances apocalyptiques post-cycloniques alourdit d’autant plus l’aventure et lui permet, scénaristiquement parlant, d’en tirer profit.

Damian Couceiro réussit superbement son parcours graphique. L’auteur d’origine argentine parvient sans ambiguïté de par son style pour le moins réaliste à créer le climat de noirceur qui convient au récit. A la portée dynamique, son trait donne vie à un univers efficace qui se veut balancer entre la douceur ambiante, la beauté physique (de départ) et les visions glauques, excessives, ensanglantées et dévastatrices (par la suite). On pourra apprécier tout particulièrement les pleines planches qui apporteront leur lot démesuré de puissance picturale.

Une bande dessinée d’une grande force évocatrice réalisée par des auteurs talentueux, et possédant de nombreux avantages tels que retracer un parcours haletant et oppressant, et d’être préfacé par James Robinson, le célèbre scénariste de Superman. Un bon moment de lecture sous l’égide de la collection Atmosphères de chez Emmanuel Proust.

 

Par Phibes, le 3 avril 2011

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