Noirs Desseins

Ce recueil regroupe les deux albums parus respectivement en 96 et en 98: "Rendez-vous fatal" et "Le piège".

Dans la première histoire nous rencontrons le jeune couple Sylvio et Valéria. Sylvio se lance dans la politique, aux côté d’un député renommé. Malgré tout, quelques mauvais investissements l’ont mis sur la paille et l’ont obligé à faire appel à un usurier qui exige non seulement le remboursement intégral de que Sylvio doit, mais avec des intérêts mirobolants en plus. La situation dégénère quand l’usurier envoie ses hommes s’occuper de Valéria en dans l’attente du paiement…

Dans la seconde histoire, il s’agit cette fois d’un huis clos. Dans un appartement, deux superbes jeunes femmes sont engagés pour "animer" leur quotidien devant une webcam… On leur a conseillé de ne pas hésiter à faire monter l’audience en insistant sur le côté sensuel, voir même sexuel, du contenu. D’abord de plus en plus réticentes les jeunes femmes vont voir les choses se précipiter quand la sœur de l’une d’elles s’invite et se prend au jeu…

Par fredgri, le 2 novembre 2011

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Notre avis sur Noirs Desseins

Tout de suite, le côté "Intégrale" est légèrement galvaudé. Il s’agit ici avant tout d’un regroupement de deux albums qui n’ont pas grand chose à voir l’un avec l’autre, si ce n’est le ton et l’auteur. Bon, c’est vrai qu’on est ici dans deux récits avec une ambiance assez polar, le premier étant directement inspiré d’un fait divers réel et le deuxième issu de l’imaginaire de Manara.

On est aussi dans du Manara bien classique, mais malgré tout je reconnais qu’ici il arrive aussi à "habiller" son récit au delà des sempiternelles scénettes érotiques, même si de toute façon, en grande partie, cet "habillage" reste presque du prétexte (surtout pour la deuxième histoire). Et c’est aussi là que ça pourrait devenir intéressant, bizarrement. En effet, Manara aborde en substance des thèmes qui pourraient vraiment amener des choses assez profondes, on y parle de domination, de pouvoir, on y parle du rapport entre les sexes, de la beauté, de la contemplation, la fascination qui en résulte avec cette part de voyeurisme parfois morbide (assister a des scènes répétées de viol en insistant sur la beauté de la victime plutôt que sur le côté malsain de la situation, par exemple), mais Manara n’entre jamais réellement dans un vrai propos, il se contente juste de se servir de ces thèmes comme d’un cadre ou il fait évoluer ses personnages. Les hommes sont presque extérieurs et pas toujours partie prenante dans le récit, tandis que les femmes se contentent d’un rôle fantasmagorique, avec leur visage de poupée aux grosses lèvres et aux yeux légèrement plissés, le tout monté sur un corps sublime et deux jambes interminables.

En entrant dans un album de Manara, surtout ceux qui traitent de la sensualité comme pivot central, on entre dans un long fantasme habité par des pin-up de poster centraux. D’où l’impression aussi d’être devant des boulots de commande, sans vraiment d’âme, qui s’éloignent de ce que l’artiste peut avoir fait de plus personnel comme les Guiseppe Bergman par exemple.
Néanmoins, ces histoires ont un petit quelque chose. La première par exemple, peut se lire comme un polar assez désillusionné, et le côté "fait divers réel" rajoute une dimension assez grave à l’ensemble, même si Manara insiste sur des trucs qui font redondant à la longue. Le deuxième récit parait plus frivole, tout de même, sans vraiment d’intérêt tant l’auteur semble prendre simplement plaisir à mettre en scènes ces héroïnes dans des positions les plus variées possible et c’est tout !

Un album qui ne convaincra peut-être pas les anti-Manara, mais qui devrait satisfaire les fans à qui il manque encore quelques albums mineures par-ci par-là

Par FredGri, le 2 novembre 2011

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