NOÉ
Celui qui verse le sang

Sur l’Arche le temps défile sans que la moindre trace de terre ne pointe à l’horizon. Les tensions à bord commencent à monter, surtout que la jeune Ila découvre qu’elle est enceinte. Pour Noé c’est clair, s’il s’agit d’un garçon le bébé survivra, s’il s’agit d’une fille il faudra lui donner la mort… L’eau ne baissera pas tant que le sexe du bébé ne sera pas révélé…

Par fredgri, le 7 mars 2014

Notre avis sur NOÉ #4 – Celui qui verse le sang

La série se conclue avec ce magnifique quatrième album qui nous emmène dans les tréfonds de l’Arche, au cœur des tensions qui commencent à scinder l’équipage. Noé s’enferme de plus en plus dans sa mission, dans cette destinée de l’humanité qu’il tient sur ses épaules… Ses décisions sont supérieures à la vie même de sa famille et ce poids est bien souvent trop lourd pour lui. L’album développe donc, comme pour le volume précédent, les méandres de la conscience du patriarche qui ne doit pas faillir et tenir bon, quitte à s’aliéner ses proches qui ne comprennent pas toujours les décisions prises !
Encore une fois le récit est très lent, peut-être un peu trop étiré parfois et du coup l’album se lit vraiment vite. Néanmoins, les ambiances sont parfaitement bien rendues, avec une vraie attention portée sur les personnages, sur ce qui les rassemble et les différencie. On a toutefois du mal, parfois à distinguer les uns des autres (à part l’enfant) et tout ne tient la plupart du temps que sur des artifices graphiques comme des breloques, des bijoux ou des peintures. Ça n’est pas réellement gênant en soi car au final on est pris dans le récit et dans les états d’âme de Noé.

La aussi on évite une éventuelle approche trop préchi precha, car tout est axé sur la caractérisation, bien plus que sur un hypothétique contenu prosélyte. Et c’est très agréable, car on évite ainsi une forme rébarbative en se concentrant sur l’aspect quelque peu fantastique de l’histoire ! Évidemment, en contre partie, on a quand même un léger verni prophétique et une thématique biblique assez présente, mais franchement ça n’est absolument pas pénible, cela reste complètement au service du récit et du message. Mais c’est intéressant de voir un peu l’envers du mythe qui gagne ici une sorte de vernis sans concession, presque deshumanisant. Après tout l’épisode mis ici en scène présente l’anéantissement de la race humaine par un Dieu intransigeant et expéditif qui mise bien plus sur une solution sans appel à laquelle l’homme doit se plier sans discuter, sans possibilité de se défendre… Un Dieu qui condamne, qui punit… Noé se conforme aux ordres, mais ne vit pas très bien ces décisions, une sorte de "crise de foi", en quelque sorte !
Toutefois, Aronofsky et Handel ne poussent vraiment pas plus loin que ça le propos (qui prendra certainement une autre dimension dans le film qui sort en Avril prochain !), c’est dommage car pour le coup avec quatre albums il y avait matière à davantage développer cet aspect, voir même plus s’arréter sur les interconnections entre les personnages !

De son côté, Niko Henrichon fournit une nouvelle fois un travail exemplaire, très beau et très expressif. Du grand art d’un bout à l’autre !

Donc, en attendant le film, je vous conseille soit de dévorer d’une traite les quatre albums, soit de vous jeter sur l’Intégrale qui sort en même temps !

Par FredGri, le 7 mars 2014

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