NESTOR BURMA
120, rue de la Gare

En septembre 1940, lors d’un recensement au stalag XB de Sandbostel où il est retenu prisonnier, Nestor Burma fait la connaissance d’un amnésique que certains surnomment "la globule". Intrigué par son comportement et son passé récent plutôt trouble, le détective s’intéresse à lui. Jusqu’au jour où, amené à l’infirmerie, celui-ci décède en sa présence juste après avoir prononcé les mots suivants : "Dites à Hélène, 120 rue de la gare". Rapatrié en France en décembre 41, Nestor Burma prend le train et croise inopinément à Lyon son assistant de l’agence Fiat Lux, Bob Colomer. Mais à peine a-t-il le temps de saluer  le libéré et de lui dire qu’il a fait une découverte sensationnelle qui a trait au "120 rue de la gare", qu’il est abattu. Prenant son courage à deux mains, le détective saute non sans mal du train en marche et… se retrouve à l’hôpital militaire lyonnais. C’est alors que, profitant du repos forcé, le détective appuyé par nombre de connaissances, tente d’élucider cette dramatique affaire et de localiser ce lieu mystérieux.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur NESTOR BURMA #2 – 120, rue de la Gare

"120 rue de la gare", premier roman policier de Léo Malet, est, après "Brouillard au pont de Tolbiac", la deuxième adaptation en bandes dessinées, que réalise par Jacques Tardi de la grande saga consacrée aux enquêtes extraordinaires du détective "Nestor Burma".

Cet opus se distingue parfaitement de tous les autres de la série par son épaisseur conséquente qui en fait un volume des plus fournis et des plus riches en péripéties (pas moins de 190 pages). Par ce biais, Jacques Tardi peut se targuer de convier le lecteur dans une quête policière incessante et tortueuse, conforme à la version originale pour laquelle toute césure intempestive aurait été préjudiciable. C’est donc dans un découpage parfait, sans temps mort, que Nestor Burma déambule au gré des péripéties qui vont secouer agréablement notre soif de découverte.

Cette adaptation, exécutée dans un noir et blanc grisé caractérisant un passé sombre, est remarquable car, dès le début, elle parvient accrocher le lecteur au wagon d’une intrigue tractée par une locomotive bien huilée conduite par un chauffeur averti. La France sous l’occupation allemande est la trame de fonds que Jacques Tardi arrive sans difficulté à recomposer et la restitue pleinement dans la forme picturale qui lui est propre, à savoir réaliste et épurée. On suit la progression de l’enquête qui se révèle fourmillante de surprises, dans une pléthore de vignettes toutes aussi explicites les unes que les autres qui mettent en exergue un gros effort de documentation dans des décors (stalag, Lyon, Paris) représentatifs d’un climat guerrier. Les deux zones (libre et occupée) durant le régime de Vichy sont franchement bien décrites et viennent à plusieurs reprises confortées l’ambiance conflictuelle.

Nestor Burma passe par de nombreuses tenues vestimentaires (militaires et civiles) qui, là aussi, confirme la volonté de l’auteur de coller à la réalité historique. Par ailleurs, il parvient à recréer superbement les ambiances typiques de troquets enfumés dans lesquelles le personnage principal aime se plonger.

Dédiée au père de Jacques Tardi, déporté durant la seconde guerre, et représentant un sacré pavé lyonnais/parisien, "120 rue de la gare" est une excellente et indémodable adaptation policière à lire et à relire dans ses moindres recoins et sans retenue.
 

Par Phibes, le 20 avril 2009

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