NAINS
Jorun de la Forge

La citadelle de Brem est assiégée par les troupes des mages noirs. Au pied d’une de ses portes encore ouvertes, Jorun affronte son père Redwin dans un combat complètement stupide mais synonyme d’une profonde rancœur. Alors qu’il lui assène un coup terrible, il ne peut s’empêcher de penser à ce qu’a été sa destinée. Il se revoit à quatre ans, dans la forge de son père, alors que son frère Ulrog présentait toutes les qualités pour être un grand forgeron. Jaloux de ce dernier, Jorun n’en faisait qu’à sa tête et paya le prix pour son obstination. Désormais borgne, peu enclin à supporter l’humiliation, le nain n’inspirait nullement confiance. Son manque de talent et sa hargne intérieure l’incitait à prendre une nouvelle voie et à l’issue de plusieurs bêtises inacceptables, Jorun fut confié à Gurdan, recruteur de la Légion de fer. Avec ce dernier, Jorun entrait dans une autre famille, celle qui allait lui dispenser les règles qui lui sont propres et qui ne font pas de cadeaux. Mais sera-t-elle suffisante pour éteindre le feu ardent qui brûle en son sein ?

Par phibes, le 7 février 2017

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Notre avis sur NAINS #6 – Jorun de la Forge

Avec les 5 albums précédents, le lecteur a découvert les cinq ordres nains qui régissent le monde fantastique d’Arran à savoir la Forge, le Talion, le Temple, les Errants et le Bouclier et ce, à la faveur d’une équipée spécifique d’un de ses représentants. Cette série-concept est loin d’être terminée puisque l’initiateur de cet univers, Nicolas Jarry, a décidé d’en proposer un deuxième cycle. C’est donc à nouveau au tour de l’Ordre de la Forge à faire l’objet d’un nouvel éclairage par le biais du témoignage de Jorun, un des descendants directs de celui qui a animé la première aventure (Redwin).

Dans une gravité comme il sait les distiller, le scénariste nous introduit dans la destinée de ce fameux Jorun, protagoniste animé d’une amertume incommensurable qui va devoir, à l’instar de son père, trouver sa place au sein de son Ordre. Le personnage en question bout intérieurement. L’aversion qu’il entretient vis-à-vis de son père nous est dévoilée dès les premières vignettes dans un affrontement qui, évidemment, lance l’intrigue. Pourquoi un tel contentieux familial ? L’explication nous est livrée immédiatement après la première planche dans un très long flash-back et pour en apprécier toute la teneur, va puiser ses racines dans la jeunesse du nain.

En grand conteur, Nicolas Jarry livre un récit totalement enveloppant, indubitablement porté par la colère dévorante de Jorun. Son témoignage tourmenté dévoile un parcours loin de toute quiétude, sans cadeau aucun, sombre en tout point. Sous le couvert d’une narration intimiste des plus copieuses, le scénariste se joue de la jalousie enragée de son anti-héros, de son obstination, de ses vicissitudes dans un univers qui somme toute le lui rend bien. Assez proche de la destinée de Redwin eu égard à ce côté tragique persistant, cette évocation a tout de même le privilège de s’en éloigner très habilement.

Au niveau du dessin, Pierre-Denis Goux démontre une aisance particulièrement impressionnante. L’univers des Nains, après Mjöllnir et le premier opus de cette saga dédié à Redwin, semble ne plus avoir de secret pour lui, tant ses personnages bénéficient d’une certaine authenticité. L’on conviendra qu’au travers de leurs expressions sévères et de leur puissance caractérielle (qui contraste avec leur petitesse), ces derniers génèrent une noirceur qui englue volontairement le récit dans une atmosphère lourde, à la fois touchante et oppressante. La gestuelle est remarquablement travaillée, les scènes d’actions sont des plus convaincantes et les décors atypiques.

Un début de deuxième cycle on ne peut plus engageant sur une sixième destinée qui vaut son pesant de dureté.

Par Phibes, le 7 février 2017

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