Murky World

Tugat est un barbare un peu simple, au départ, qui se voit soudain chargé d’une obscure quête. Mais très vite, il s’égare, fait de mauvaises rencontres et se retrouve même capturé et revendu comme esclave avant de finir dans une arène de gladiateur d’où il réussit néanmoins à s’enfuir en compagnie de celle qu’il veut dorénavant protéger, la belle Moja…

Par fredgri, le 3 novembre 2020

Notre avis sur Murky World

Dans sa première version, Murky World a été prépublié en épisodes dans Dark Horse Presents, en noir et blanc, avant d’être retravaillé, mis en couleur, avec beaucoup de planches inédites !
Après une fructueuse campagne Kiss Kiss Bank Bank, Delirium propose donc enfin la traduction de cette nouvelle histoire du maître Richard Corben, grand prix d’Angoulême en 2018, qui revisite l’héroic fantasy à sa sauce. Une version tumultueuse et pleine de rebondissements, avec un héros qui n’a pourtant plus grand chose d’héroïque, subissant les aléas de son errance au gré des rencontres qui viennent se dresser sur son chemin !

Il faut bien admettre qu’il serait difficile de vraiment résumer cette histoire qui part un peu dans tous les sens, donnant même souvent l’impression d’être en roue libre tout du long ! Toutefois, Corben rend ici hommage à ces héros "par hasard" qui se révèlent au fil des épisodes feuilletonnesques, animés par une envie de survivre qui va littéralement les transcender. En parallèle, il n’épargne absolument rien à Tugat qui, même s’il peut parfois faire preuve de zèle, se découvrant plus puissant qu’il ne le pensait, n’en est pas moins maladroit et parfois pleutre, aux antipodes d’un Conan, par exemple, dont il semble bien plus être une vague caricature grotesque !

Je trouve que c’est justement ce portrait peu flatteur qui demeure la grande force de Murky World. On devine très vite que Corben ne cherche pas le sensationnalisme à tout prix, ni même les grands exploits, il nous offre un homme finalement plus humain que ces autres grands modèles littéraires, qui réagit sincèrement, sans vraiment comprendre l’ampleur de ce qui lui arrive, quitte à régulièrement se tromper, se faire avoir, à simplement accepter son imperfection !

L’artiste en profite pour rajouter tous ses ingrédients habituels, des monstres, des femmes plantureuses et aguicheuses, des temples en ruines, des grimaces, des visages déformés. Sans aucun doute nous naviguons en eaux Corbeniennes avec toute la panoplie qui fait plaisir !
Car, en effet, il est en très grande forme, qu’il s’agisse de ses cadrages, des expressions des personnages, de sa mise en scène, de ses couleurs, on tombe immédiatement sous le charme de ces planches !

A noter que la version proposée lors de la campagne de crowfunding comprend la version originale de l’histoire, en noir et blanc ! Malgré tout, dans ce volume nous avons aussi droit à un petit cahier graphique très sympathique !

Si vous aimez Corben, ses héros tordus qui suintent la testostérone, je vous conseille ce passionnant Murky World !!!

Par FredGri, le 3 novembre 2020

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