MUCHACHO
Tome 2

Alors que ses parents le font rechercher, Gabriel de la Serna, blessé aux jambes, s’échappe dans la forêt. Ce sont les guerillos sandinistes qui le retrouvent, le soignent et avec lesquels il va combattre la répression militaire. Le jeune séminariste a ouvert les yeux et change de voie. De jeune homme naïf et utopique, il devient rebelle et lutte pour la liberté.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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2 avis sur MUCHACHO #2 – Tome 2

Plus de deux ans que nous attendions la suite de cette magnifique série : Muchacho ! De plus, avec un titre pareil, laissant supposer action et engagement, dans un monde où les choses sont de plus en plus à la lucidité et au combat pour défendre ses valeurs, nous étions d’autant plus impatients de retrouver ce personnage coincé entre le passé et le futur, entre ses convictions religieuses et un regard ouvert sur la guérilla, et entre la construction de son identité et le poids du patrimoine familial.
Muchacho sort en 80 pages assorties d’un épilogue détaillant l’actualité nicaraguayenne au sortir de la dictature de Somoza avec la prise du pouvoir en 79 par les Sandinistes menés par Ortega.

Les thèmes abordés par Lepage sont tous humanistes et décrivent tour à tour les disfonctionnements de la vie. Qu’ils soient de nature individuelle ou de groupe ; la guerre, la rébellion, la dictature, l’intolérance, la religion, l’homosexualité. Chaque débat est un sujet de discorde planétaire et entraîne systématiquement des guerres, des morts, des injustices.
L ‘album « Muchacho » se dresse comme un cri de révolte. L’effervescence et le bouillonnement sont tellement perceptibles au travers du dessin et des dialogues qu’on lit cet album avec respect presque de façon solennelle. L’idéal est de compléter la lecture avec des recherches pour se documenter sur l’histoire géopolitique du Nicaragua qui vient d’élire son président (le 5 novembre 2006) et qui retrouve avec Ortega, une politique de gauche. Toutefois, Lepage n’hésite pas à rappeler que la révolution sandiniste a bel et bien éradiqué la dictature mais en révélant l’homosexualité du héros, il précise également qu’il ne vaut mieux pas le claironner trop fort au risque de se faire interner. Non la liberté n’est pas encore acquise pour tous même si la politique du pays a évolué vers une démocratie remplie d’idéaux.
Espérer, combattre pour ses convictions et construire sa personnalité sont les chevaux de bataille de cet ouvrage particulièrement réussi.

Les couleurs sont très jolies et agrémentent un dessin au trait fin mettant en avant les détails des décors et des visages des personnages mais dont l’auteur a soigneusement dissimulé les sexes alors qu’il dessine la relation amoureuse de Gabriel et de son amant.
L’amour non plus n’est pas magique et Gabriel se perd dans une histoire sans avenir, ce qu’il n’avait pas compris.
Ce sont pourtant la guerre et l’amour qui forgeront ce personnage et commanderont au lecteur de se poser des questions. Des questions sur l’environnement, la liberté, la tolérance et l’engagement. Emmanuel Lepage nous montre en quelque sorte le chemin que l’on peut suivre et la prise de conscience qui en découle, d’ailleurs la transformation  est visible ne serait-ce que dans le regard du héros sur les couvertures des deux albums.

Cette œuvre très personnelle a demandé beaucoup d’investissement à cet auteur sensible qui, très exigeant a refait plusieurs planches afin de cerner ses personnages le plus exactement possible. On peut dire qu’il y est parvenu et que la violence des rapports de ces hommes entre eux ou avec leur milieu est égale à la croyance que Gabriel eut en son dieu et en son amour : exaltée.
Passion et sincérité, talent et richesse humaine, il est évident que l’auteur peut être fier de son travail. Bravo et merci.

Par MARIE, le 19 novembre 2006

On m’avait prêté ce tome 2 en me prévenant que le traitement de l’homosexualité de certains personnages pouvait gêner. Ce ne fut pas mon cas. Le tome 1 était d’ailleurs largement assez clair sur ce point pour que ça ne soit pas une surprise propre à cette suite-et-fin.

J’ai beaucoup apprécié la lecture du deuxième volet de ce diptyque, y retrouvant le talent graphique d’un Emmanuel Lepage complet, inspiré et représentant à merveille les décors torturés de la nature d’Amérique Centrale autant que la beauté des visages, des corps et des regards humains.

Véritable aventure humaine que cette plongée périlleuse sous les voûtes d’une forêt propice au meilleur comme au pire, Muchacho est une superbe série à côté de laquelle il ne vous faudrait pas passer !

Par Sylvestre, le 15 octobre 2007

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