La tragédie comiue ou comique tragédie de Mr Punch

Les souvenirs d’un homme le ramènent au temps de son enfance, lorsqu’il avait 8 ans, quand il rendit visite à ses grand-parents. Son grand-père l’emmène pêcher et au détour d’une balade, le garçon découvre un spectacle de marionnettes de Punch et Judy. Il se rend progressivement compte de la cruauté des scénettes des pantins devant lui, tandis que son moi narrateur analyse à la lumière du temps passé, du recul d’adulte cette mémoire pour mieux la comprendre…

Par fredgri, le 27 mars 2017

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Notre avis sur La tragédie comiue ou comique tragédie de Mr Punch

Gaiman et McKean, comme en 87, dans Violent Cases, reprennent plus ou moins la même démarche, mais avec une structure plus poussée et une expérience commune résolument plus touchante aussi.
Et même si, en effet, le ton intimiste, assez immersif peut sembler intellectualisant, tant il décortique le processus de pensée de l’enfant et donc de l’adulte qui l’observe du futur, les deux auteurs reprennent leur thème de prédilection, l’exploration des souvenirs sous le prisme de la maturité et l’extrapolation du soi.
Toutefois, là ou l’écriture de Gaiman s’approfondit très nettement, là ou elle creuse sa matière, sortant de la simple évocation pour nous entraîner dans une plongée extrêmement vertigineuse, le graphisme de McKean confronte les styles, jouant avec une réelle maestria sur le décalage entre le dessin encré et le photomontage (allant même jusqu’à mettre en scène des planches entières composées de photos floutées, de silhouettes qui se "dessinent" sur des voiles…). Nous distinguons donc les différences d’univers, de réalité… Il n’y a ainsi plus seulement les mots, mais une représentation complexe ou les marionnettes deviennent plus "réalistes" que les personnages vivants, eux même.

Gaiman et McKean nous forcent ainsi à bien appréhender les multiples niveaux de lecture qui se présentent à nous. Nous glissons du flash-back au monde des marionnettes qui nous apparait dans toute sa cruauté, au travers des grimaces presque grotesques et fascinantes des visages. Le jeune garçon est très clairement touché et ce sentiment l’influence dans sa perception de ce qui l’entoure, Amenant le lecteur à s’interroger sur cette représentation du réel, la reconstitution du passé et le reflet qui se dessine devant le garçon…

Alors bien sur, on peut passer à côté du sens profond de cet album, tant parfois le fil semble fin et décousu. Néanmoins, Il ne faut surtout pas oublier toute la dimension poétique dont les deux auteurs sont passés maîtres depuis longtemps ! Qu’il s’agisse des textes très subtils de Gaiman, comme des sublimes trouvailles formalistes de McKean, nous sommes tout de suite transportés dans un univers bourré de charme, d’une audace particulièrement palpable dès les premières cases !

Mr Punch devenant alors une œuvre d’Art à part entière, complètement atypique, fascinante de bout en bout !

Évidemment, cela reste un album plutôt exigent, aux antipodes de ce qu’on peut trouver habituellement, mais d’une extrême sensibilité, très touchante et juste !

Très recommandé !

Par FredGri, le 27 mars 2017

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