Morts par la France : Thiaroye 1944

Le 1er décembre 1944. Le camp de Thiaroye, près de Dakar. Des centaines de tirailleurs sénégalais viennent tout juste de rentrer chez eux, après avoir passé quatre années de captivitiés  dans les Frontstalags, en France occupée. Mais l’armée française ouvre le feu sur eux… Plus de 300 tirailleurs sénégalais sont assassinés… Officiellement, le rapport parle d’une intervention visant à réprimer une révolte de ces soldats qui réclamaient leur solde. D’après ce rapport, il n’y aurait eu que 35 morts, 35 blessés et 34 condamnés sur les 1600 soldats indigènes.
Une jeune historienne, Armelle Mabon, découvre cette histoire et pendant quelques années tente de découvrir ce qui s’est réellement passé. Elle met à jour la vérité, alors que l’état continue à mentir à ce sujet…

Par berthold, le 29 avril 2018

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Notre avis sur Morts par la France : Thiaroye 1944

Morts par la France. Et non "morts pour la France"… Un titre bien plus fort, qui marque les esprits.

Pat Perna suit l’enquête de la jeune historienne, Armelle Mabon, et son obsession pour faire éclater la vérité, malgré les refus, les mensonges, les dossiers qu’on lui a caché et le silence de la Grande Muette à ce sujet.
Bien sur, nous voyons qu’il y a eu un rapport écrit le 1er décembre 1944, où il y est fait mention d’une révolte de soldats indigènes réclamant leur solde et qui a nécessité une intervention musclée et armée, qu’il y aurait eu 35 morts, 34 blessés et 34 hommes condamnés.
Mais la réalité est autre et bien plus horrible. Au départ, il nous est difficile même de croire à ce massacre. On se dit que c’est pas possible, que l’armée française n’aurait jamais pu faire une chose pareille en 1944, sur des hommes venus d’un autre pays, se battre pour la France et qui ont été enfermés par l’armée allemande durant quatre ans. Et pourtant, tout comme Armelle Mabon poursuit son enquête, nous découvrons la vérité.
Ces tirailleurs sénégalais sont des héros. Il faudrait leur rendre un hommage national. Même aujourd’hui, ils ne sont pas vraiment reconnus. En 2012, François Hollande s’est rendu dans ce pays et s’est excusé au nom de la France. Mais il faudrait peut être en faire plus pour rendre honneur à ces victimes qui sont enterrées dans une fosse commune. Et surtout, il faudrait dire la vérité…

Au cours de l’enquête de Mabon, nous apprenons pourquoi ces hommes ont été, au final, assassinés. Perna s’intéresse aussi à l’historienne, à sa vie privée qui s’implique dans cette affaire, au choix qu’elle doit faire. On nous montre quelques moments comme ceux où les sénégalais enfermés dans les camps allemands en Bretagne arrivent à nouer contact et des amitiés avec quelques bretonnes…
Pat Perna a écrit un chef d’œuvre, une œuvre forte, magnifique, un récit de mémoire, un document étonnant et passionnant. C’est bien écrit, c’est bien amené. Et pour mettre en images ce récit d’une rare finesse et d’une force incroyable, il s’est adjoint le renfort du dessinateur Nicolas Otero.

Otero réalise un travail étonnant dans ce livre. Il propose quelques scènes qui marquent les esprits. Il fait passer l’émotion avec une certaine aisance. Justement, ces scènes émouvantes passent par le regard de ces pauvres sénégalais qui ne s’attendent pas à ce qui va leur arriver. Il nous surprend par sa mise en page, par l’efficacité de son trait et l’excellent choix dans la mise en couleurs. Avec Morts par la France, Otero prouve une nouvelle fois qu’il est un grand artiste, digne de jouer dans la cour des grands.

Une œuvre que je vous recommande sans hésiter un instant, à lire et à partager, pour que les gens découvrent cette incroyable histoire, qu’ils apprennent comment des soldats français, certes d’un autre continent, furent assassinés par des officiers français.

Par BERTHOLD, le 29 avril 2018

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