Les montagnes hallucinées

Ayant appris par la presse qu’une expédition en Antarctique était programmée, le professeur en géologie Dyer se doit, pour dissuader les organisateurs de se lancer dans un tel projet, de révéler à ces derniers les terribles secrets qu’il partage avec l’un de ses anciens étudiants Danforth. En effet, précédemment, le scientifique a lui-même organisé une expédition en ces lieux battus par le froid et les vents violents. En s’enfonçant dans le secteur nord-ouest du territoire, une partie de son équipe gérée par le professeur Lake a découvert un site incommensurable barré d’infranchissables montagnes et mis à jour des vestiges exceptionnels, des "choses très anciennes" issues d’une civilisation inconnue. C’est en poursuivant leurs investigations que les chercheurs ont été pris dans une tourmente sanglante et horrifiante sans précédent. Surpris de ne plus avoir de contact, le professeur Dyer s’est transporté sur place, a fait les constats malheureux d’usage et a tenté de comprendre ce qui s’était réellement passé. Qu’est-ce que ce dernier a bien pu trouver de si terrifiant qui l’a obligé à en conserver le secret et qui le pousse aujourd’hui à refroidir la ferveur de ses confrères ? N’y aurait-il pas un lien avec le mythe des grands anciens et le fameux ouvrage Necronomicon ?

 

Par phibes, le 3 janvier 2011

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Notre avis sur Les montagnes hallucinées

Après l’adaptation des romans de Conan Doyle liés aux aventures policières de Sherlock Holmes, I.N.J. Culbard se lance dans la mise en images d’une des nouvelles clés du romancier H. P. Lovecraft. Découverte et frissons sont donc au menu de cet ouvrage qui se veut fidèle à la trame originale et narrative de l’aventure littéraire du même nom.

Ecrite sous la forme d’un carnet de bord, cette adaptation pose, dès le départ, les jalons d’une évocation soutenue, composée d’une voix-off représentant les écrits du professeur Dyer, entrecoupée de dialogues consistants. Dès les premières planches, l’intrigue s’installe dans une ambiance oppressante entretenue par l’introduction d’un "bruit" (tekel-li) qui viendra peser de tout son poids dans les situations et qui se répètera dans de nombreuses phases du récit. I.N.J. Culbard assoie le suspense d’une manière progressive, commençant petitement pour atteindre son paroxysme au moment de la découverte des restes ensanglantés de l’équipe de Lake. S’accaparant l’univers complexe et fantastique du Cthulhu, l’artiste gère l’angoisse assez finement dans un déroulement somme toute captivant.

Toutefois, on pourra regretter, dans la partie découverte des vestiges de la cité des anciens, la façon dont le personnage principal décortique les tables trop rapidement et trop facilement. De fait, cette aisance casse la magie du décryptage et donne l’impression que le professeur Dyer récite. A ce titre, on reconnaîtra la complexité de certaines révélations subites qui pourront gêner à la compréhension du passé tortueux de ces anciens et de la destinée de l’homme.

Graphiquement, le style épuré de I.N.J. Culbard est bien agréable. Son trait d’une épaisseur assez marquée se veut bien représentatif quant à aux nombreux décors maritimes ou urbains. Toutefois, on le ressent moins précis quand il s’agit de croquer les choses anciennes. De fait la sensation d’horreur s’en trouve quelque peu estompée. A noter que le shoggoth final, au vu de son aspect assez simple, n’exprime pas forcément la terreur que l’on est censé lui prêter.

Un ouvrage somme toute captivant de par son ambiance oppressante, qui permettra aux néophytes de mieux appréhender l’univers fantastique de H. P. Lovecraft.

 

Par Phibes, le 3 janvier 2011

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