Monsieur Désire?

Londres, début du règne de Victoria, le jeune Lord Edouard mène une vie de débauche. Provocateur blasé, il recherche dans les plaisirs de plus en plus sordides de la chair et l’alcool un quelconque intérêt à sa vie de dandy. Il va trouver en Lisbeth, une simple femme de chambre au physique quelconque, une confidente qui à l’écoute des turpitudes qui rongent son âme lui renvoie un regard de compassion sans jugement de valeur.

Par olivier, le 8 septembre 2016

Publicité

Notre avis sur Monsieur Désire?

Avec ce superbe roman graphique, où l’élégance du dessin se marie à la subtilité de l’écriture, Hubert et Virginie Augustin nous entrainent à l’aube du règne de la jeune Victoria, où les prémisses de profonds changements sociaux commencent à émerger.

Edouard est un cynique, menant une vie dissolue, cherchant à s’étourdir dans la débauche. Il affiche un profond mépris pour ses contemporains et peu de personnes trouvent grâce à ses yeux, les femmes comme les hommes. Il nous livre une vision acerbe de la société, à 25 ans déjà totalement blasé et n’éprouvant que du mépris pour ses contemporains, il ajoute à sa vie de débauche un côté pervers, humiliant vis-à-vis de ses proches.
Une seule personne parvient curieusement à trouver grâce à ses yeux, Lisbeth, une femme de chambre qu’il n’aurait même pas du remarquer. Elle n’est pas spécialement jolie mais il y a chez elle, une douceur, une compréhension qu’il n’a trouvée chez personne d’autre.
On dit que les yeux sont la fenêtre de l’âme et au travers de ceux de Lisbeth, Edouard a vu une belle personne. Ses propos, ses récits les plus crus, les plus provocateurs ne la repoussent pas, elle est là, comme une bouée, une main tendue à laquelle le jeune homme se raccroche.
Dans cette société britannique, avoir choisi cette jeune femme de chambre comme confidente n’est pas sans poser de problèmes à Lisbeth. Nous sommes au début du XIXème siècle avec une hiérarchie de la maisonnée qui ne dépaysera pas les amateurs de Downton abbey. Cette hiérarchie rigide de la domesticité, engoncée dans un respect strict des statuts et des positions de chacun n’accepte pas de voir une simple femme de chambre déroger aux règles établies et le lui fait payer quand bien même elle n’a pas choisi le rôle que lui impose le jeune Lord.

Edouard, fusion d’un Valmont britannique et d’un Dorian Gray nous offre une vision de la société aristocrate anglaise certes au travers du prisme de son cynisme, de ses frasques et de sa volonté de toujours aller plus loin dans la décadence mais réaliste quant au côté sombre et dépravé bien dissimulés sous des dehors guindés.

Hubert scénarise avec talent ce récit ou le lecteur balance de la compassion au dégout, cherchant une explication, une justification dans les confessions d’Edouard dans les pensées qui guident ses actes.

Virginie Augustin accompagne avec finesse le récit, emportant le lecteur dans le maelström de la vie d’Edouard.

Par Olivier, le 8 septembre 2016

Publicité