Monsieur coucou

 
Abel ne veut plus entendre parler de son pays natal, le Liban, qui rime pour lui avec souvenirs traumatisants et avec problèmes familiaux… Il en est parti depuis très longtemps et il a refait sa vie en France où il a même renié son prénom pour se faire appeler Allan.

Il s’est marié, en France, et il est très proche de sa belle-mère. Atteinte d’un cancer, cette dernière est très affaiblie et il s’occupe d’elle du mieux qu’il peut. Un jour, elle lui a demandé d’aller chercher un remède pour elle au Liban, auprès d’un certain Hussein qui, jadis, avait donné à Allan une crème miracle contre l’eczéma…

Allan, contrarié, va finir par accepter et va s’envoler avec beaucoup d’appréhension pour le pays des cèdres où il retrouvera sa famille et où il recroisera d’anciennes connaissances.
 

Par sylvestre, le 18 mars 2018

Notre avis sur Monsieur coucou

 
Abel/Allan est assez insondable. On ne sait pas si on doit l’apprécier pour son altruiste investissement auprès de sa belle-mère en phase terminale ou si on doit redouter ce que cachent tous les non-dits qui font sa mauvaise humeur dès qu’il s’agit du Liban et de la famille qu’il a laissée là-bas et dont il ne veut plus entendre parler. Ces problèmes qu’a Abel ne sont pas clairs. On nous parle d’une histoire de terrains à vendre, acte pour lequel sa signature est nécessaire, mais on pressent bien qu’il n’y a pas que ça. Le Liban ayant connu la guerre, on se doute donc bien qu’il y a quelque chose en rapport avec ça dans le malaise du personnage. Ou, par extension, en rapport avec le fait qu’il ne veuille plus retourner dans un pays qu’il renie désormais, et dont il parle comme d’un pays arriéré, de dégénérés, etc…

Et c’est avec ce gros point d’interrogation sur le fond du problème qu’on suit toute l’histoire et qu’on accompagne Abel dans un "retour aux sources" dont il se serait bien passé mais qui s’est imposé, par la force des choses, comme obligatoire.

Joseph Safieddine et Kyungeun Park sont les auteurs de Monsieur coucou. D’eux, on avait déjà lu l’excellent et très remarqué Yallah Bye où le Liban, pays d’origine du scénariste, était aussi au coeur des choses. Une fois encore, les deux artistes livrent une chronique familiale en bandes dessinées pleine de justesse et d’humanité, mais qui est peut-être un cran en-dessous de la précédente en ce qui concerne le rythme, l’intérêt ou le suspense. Sans parler du peu d’entrain qu’aura peut-être le lecteur qui doit devenir le compagnon de voyage d’un héros à première vue peu sympathique…! Mais c’est là aussi le coeur du sujet : la complexité de la situation d’Abel, tiraillé voire perdu entre deux mondes, deux cultures…

Côté dessin et couleurs, c’est très réussi, et la BD comptant une centaine de pages, on en profite longtemps !

Pour amateurs de chroniques familiales, d’intimisme et de psychologie.
 

Par Sylvestre, le 18 mars 2018

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