MONKEY BIZNESS
Les cacahuètes sont cuites

Jack Mandrill et son pote Hammerfist ont la malchance d’être la cible d’un incongru qui ne plaint pas les moyens pour tenter de les réduire définitivement de la carte. C’est après que leur havre de dégrisement ait été totalement anéanti, que les deux compères ont décidé d’enquêter pour identifier ce malotru insistant qui en veut à leurs personnes. Serait-ce Oncle Raoul chez lequel ils ont une certaine ardoise ? Ou serait-ce Croco Mac, le tenancier du Croco Night dont le mobilier a été largement éprouvé lors d’une soirée bien arrosée ? Ou peut-être le Maire de Los Animales, lui-même, qui ne peut plus les sentir ? Ou encore Jérôme, le frère adoptif de Jack qui a plus d’une dent à l’encontre de celui-ci ? Pour trouver la réponse, il va falloir que les artistes se démènent, parfois au risque de leur intégrité, pour tomber sur le mystérieux coupable. Pendant ce temps, la gente humanoïde, entraînée par Ramos, un ancien astronaute en pleine réminiscence, tente de retrouver la place de choix qu’elle occupait avant que les animaux se l’accaparent.

Par phibes, le 27 juin 2013

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Notre avis sur MONKEY BIZNESS #2 – Les cacahuètes sont cuites

Avec Arnaque, Banane et Cacahuètes, Pozla et Eldiablo nous avaient complètement retourné en nous introduisant sous l’égide de la maison Ankama dans une satire futuriste animalière décapante qui permettait de suivre les faits et gestes de deux primates particulièrement délurés. Les cacahuètes sont cuites nous donne le privilège de les retrouver dans de nouvelles aventures qui, cette fois-ci, les obligent à identifier un mystérieux détracteur.

Tout en utilisant le même concept scénaristique que précédemment, le récit nous entraîne dans une sorte de road-movie animé par deux personnages clé assurément charismatiques. Jack et Hammerfist, constituant le fameux tandem indissociable, ont encore la banane et nous le démontre encore une fois sous des circonvolutions bestiales des plus acidifiantes. On rie de bon cœur devant leur particularisme outrancier, leur façon de se tenir dans cette société décadente post-apocalyptique, sans tabou et écorchant les théories darwinistes. Eldiablo trouve ici une recette fortement bien assaisonnée, dans un jeu de dialogues totalement humanisés, directs, un tantinet pompeux lorsque Hammerfist se déclare et surtout des plus burlesques. Ça remue dans tous les sens, les deux protagonistes ne manquent pas de culot quant à la manière de mener leur enquête, se permettant de franchir sans réserve la frontière du politiquement correct, en interpellant leur prochain avec très peu de forme. De même, le scénariste se joue risiblement de la bêtise des hommes, ici réduits à l’état de "singes nus" et promis à une émancipation bien tordue.

Il va de soi que ce contexte de suprématie animalière volontairement déliquescent vaut par la subtilité graphique de Pozla. Ce dernier, de par son style très caractérisé, fin et incisif, a le don de nous embarquer dans un univers éclaté, caricatural, qu’il maîtrise réellement et qu’il se plait à triturer pour en faire sortir ce que le lecteur apprécie le plus, l’humour. Certes, cet humour qu’il dépeint est fortement acide et vaut essentiellement par les singeries dépravées de ses personnages (primates et humains). On ressent ainsi une puissance évocatrice non négligeable, un enthousiasme assurément communicatif.

Un opus des plus divertissants, plein de singeries grasses et jubilatoires qui se déguste à grosses lampées et qui prouve que ses auteurs n’ont pas travaillé pour des cacahuètes.

Par Phibes, le 27 juin 2013

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