MONKEY BIZNESS
Arnaque, banane et cacahuètes

En cette année 2254, le monde n’est plus que l’ombre de lui-même. L’homme moderne a, grâce à sa bêtise, fini par se détruire et perdre sa suprématie, laissant la place, peu nette, à la gente animale. Dans cette nouvelle jungle, Jack Mandrill et Hammerfist, deux primates sans scrupule, œuvrent principalement dans le recouvrement musclé de dettes pour le compte d’un caïd de L.A. (Los Animales). Peu enclin à collaborer avec la police, imperméable à toute communication extra animalière, buveurs impénitents, distributeurs et également récupérateurs de baffes, locataires éphémères de prison, fauteurs de trouble, la rancune tenace, etc, etc… ces deux quadrumanes arnaqueurs ont, à l’évidence, la banane et sont prêts, pour une poignée de cacahuètes, à partager un bon nombre de singeries.

 

Par phibes, le 8 septembre 2010

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Notre avis sur MONKEY BIZNESS #1 – Arnaque, banane et cacahuètes

Eldiablo et Pozla, le tandem aguerri par son implication gratifiante dans la série Lascars diffusée sur Canal + et dans le long métrage qui en suivit, récidive leur association pour produire ce nouvel album sulfureux. Monkey Buziness est assurément la preuve de leur aptitude à travailler aussi bien dans l’animation que dans la bande dessinée.

En effet, les aventures peu recommandables des deux quadrumanes Mandrill et Hammerfist possèdent la matière suffisante pour amener le lecteur qui se colle à leurs frasques, dans des considérations ubuesques et croustillantes. En effet, rien de plus tortueux que d’envisager ce que serait l’humanité si celle-ci n’était plus dirigée par les hommes mais par les bêtes telles que les deux primates. Pour Eldiablo, la dépravation est de mise prouvant que l’animal est aussi bête que l’humain. Et il le prouve grassement par le biais de ces quelques huit histoires qui se suivent en utilisant un ton et un rythme totalement déjanté qui ouvrent la porte à de bons rires grinçants.

Tout est prétexte à jouer la carte de la dérision, à égratigner l’homme dans sa bêtise et à dénigrer la gente animale qui semble agir comme les anciens dominateurs. Le morbide plaisant côtoie le non politiquement correct dans une apothéose d’évènements dont les deux énergumènes se font une joie d’animer de leur bassesse bestiale. Leurs équipées sont copieusement jouissives et pleines de ricochets surprenants tendant à prouver que l’inventivité d’Eldiablo est on ne peut plus débordante.

Monkey Bizness est également l’expression d’un travail graphique décalé, incisif que Pozla gère avec virtuosité. L’univers bestial qu’il met en œuvre est extraordinairement décadent, cyniquement attrayant et d’une originalité pluri animalière caricaturale. L’énergie qu’il dispense dans ces dessins est synonyme de traits tortueux, de personnages monstrueusement définis pour certains, chétivement développés pour d’autres, le tout dans une représentation générale acidifiante, sans concession aucune et bien "trashie".

Monkey Bizness est un ouvrage comme qui dirait bien audacieux et des plus originaux qui, à coup d’arnaques, de bananes et de cacahuètes, satisfera grassement et humoristiquement l’amateur de singeries extrêmes décapantes.

 

Par Phibes, le 8 septembre 2010

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