Monde Mutant Intégrale

(1984 1 à 8 + Son of Mutant World 1 à 5)
Dans ce monde ravagée par la guerre nucléaire, Dimento, un jeune mutant, tente de survivre comme il peut. Les derniers êtres humains sont progressivement retombés dans la sauvagerie et ceux qui tentent de résister se protègent tant bien que mal.
Quand il rencontre le père Colombe, Dimento voit son errance soudain bouleversée… !

Par fredgri, le 7 novembre 2019

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Notre avis sur Monde Mutant Intégrale

Lorsqu’il réalise, avec son ami Jan Strnad, les premiers épisodes de Mutant World, dans les pages de "1984", publié par Warren Publishing, Richard Corben est alors au sommet de son art. On le croise dans Heavy Metal, parmi ses travaux du moment il y a Den, Bloodstar, ainsi que de nombreuses histoires d’horreur. Son style est déjà virtuose, sa précision, son expressivité et cette façon si personnelle d’animer des personnages au gueule cassée, des jeunes femmes généreusement dotées et tout un bestiaire entre réalisme et cartoon. Le style Corben faisait déjà l’unanimité !

Monde Mutant canalise tous ces univers, ces ambiances sombres et inquiétantes ou se glissent des silhouettes difformes, des monstres décérébrés, bavant leur envie de vous dévorer. Dimento, jeune héros malgré lui, mutant simplet qui tombe dans absolument tous les pièges qu’on lui tend, pourrait presque représenter cette innocence brute et naïve qui assiste à l’effondrement d’un monde sans repère, ou chacun doit survivre au milieu d’un environnement extrêmement agressif ! La loi du plus fort, du plus hargneux.
Et bien que l’artiste tâtonne dans les premiers épisodes qu’il scénarise lui même, très vite, nous glissons dans un récit haletant et grotesque. Qu’il s’agisse de ces mutants qui attaquent tout ce qui se présente, affamés, de cette inconnue qui sauve Dimento pour le trahir aussi vite, tous n’ont d’autres ambitions que de tenir jusqu’au lendemain, de vivre au jour le jour, dans ces ruines infestées par les radiations ou dans ces bois peuplés de dangereuses ombres.

Les auteurs ne s’attardent néanmoins pas sur un hypothétique niveau de lecture plus profond, si ce n’est que l’humanité telle qu’elle est représentée dans cet album apocalyptique n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut jadis, victime directe de sa folie, de son envie de pouvoir, de cette avidité qui l’a poussé à s’autodétruire. Il n’est pas question ici d’un regard sur notre société, mais bel et bien d’une histoire qui utilise intelligemment tous les codes du genre, en y mélant humour, horreur et une pincée d’absurde assez savoureuse !
Strnad rythme son récit en croisant ses intrigues, sans ménagement, c’est virevoltant dans la première partie et plus linéaire dans la seconde, créant ainsi deux atmosphères à la fois différentes et assez similaires. Les personnages sont attachants et remarquablement caractérisés, fidèles à tous ceux qui accompagneront Corben tout au long de sa carrière !

Dans ce passionnant album de près de 150 pages, agrémenté de trois introductions, des couvertures originales, de photos d’époque, de témoignages de Corben lui même, Délirium nous entraîne dans une œuvre majeure du parcours du dessinateur, des planches restaurées et retraduites… Un très bel objet magnifiquement édité !

Une des belles surprises de cette fin d’année !

Une belle idée de cadeau !

Par FredGri, le 7 novembre 2019

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