Le monde à tes pieds

Une chronique de l’Espagne contemporaine en trois chapitres, trois parcours particuliers.
Celle de Carlos, un ingénieur surdiplômé qui travaille comme vendeur se voit soudain proposer un poste très important en Estonie, il accepte, au détriment de son couple…
David, un jeune chômeur qui vit chez sa mère depuis 4 ans. Il découvre un jour l’annonce d’une femme mûre en mal d’amour et devient en quelque sorte son gigolo…
Sara, malgré les promesses d’un brillant avenir, doit se contenter d’être une simple démarcheuse téléphonique aux ressources insuffisantes…

Par fredgri, le 23 avril 2017

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Notre avis sur Le monde à tes pieds

Ces trois personnages ne se connaissent pas, jamais ils ne se croisent d’ailleurs, malgré tout, ils partagent la même insécurité, les mêmes désillusions sur les promesses d’un avenir plus glorieux alors qu’ils doivent se contenter de ce qu’ils trouvent, les mêmes vies éclaboussées par l’échec.

Dans cette société en pleine crise économique, où joindre les deux bouts passe avant la recherche du bonheur personnel, il y a encore ce danger de s’effacer lentement, de perdre ses repères et ses rêves de jeunesse… Nadar brosse ainsi le portrait de trois individus qui tentent de se retrouver, de ne pas complètement oublier qui ils sont, même si la vie les entraîne vers des pistes pas très glorieuses.

Toutefois, on reste certes dans un cadre assez dur, avec des remises en questions qui font réfléchir, toutefois, le ton n’est pas mélancolique ni même plein de pathos. Il règne une certaine distanciation avec le sujet, comme si on les observait de loin, conscient de leur vie, de leur quotidien.
Cela reste tout de même assez immersif et on est touché par cette chronique sociale qui nous parle directement de notre société, de nos illusions. On est tous confronté à ces choix de vie, à ces priorités qui nous forcent à accepter des choses au détriment de tout ce qui nous est le plus cher. Et de ce point de vue, le scénario de Nadar est vraiment subtil, plein de cette finesse de vie qui nous parle à tous !

On n’oublie pas de sitôt le regard de Carlos en voyant son compagnon s’éloigner, de David qui se résigne en allant trouver cette femme qui passe ses annonces, ou encore de Sara qui doit supporter les leçons de moral de sa supérieure… L’émotion passe dans les silences, dans les gestes, dans ces petits riens qui n’ont de sens que parce qu’ils se répètent encore et encore !

Ce gros volume de 220 pages se dévore d’une traite, parce qu’il parle de nous. Mais aussi parce que le dessin est particulièrement beau et expressif. Du très bon boulot !

Peut-être passerez vous à côté de cet album, rangé dans un coin, néanmoins, je vous encourage à vous pencher sur cette couverture et à entamer cette lecture… Vous m’en donnerez des nouvelles !

Très conseillé !

Par FredGri, le 23 avril 2017

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