Mon Traitre

Vendredi 15 décembre 2006 à Paris. Antoine est luthier. En lisant un article, il découvre une photo. Antoine a un choc, il en tombe par terre. L’article parle d’un membre le l’IRA, un certain Tyrone Meehan, une des personnalités du mouvement, qui serait, en fait, un traitre ! Meehan œuvrait pour les anglais depuis 1981. Antoine a reconnu son meilleur ami, l’un des deux qui lui ont fait aimé l’Irlande…
1974… Antoine se souvient de son premier voyage en Irlande et de sa découverte de Belfast quand il rencontra un couple, Jim et Cathy, grace à qui il fit la connaissance de Meehan, des membres importants et actifs de l’IRA…

Par berthold, le 15 février 2019

Notre avis sur Mon Traitre

Mon Traitre est, au départ, un roman écrit par Sorj Chalandon où il raconte l’histoire de son amitié avec Denis, irlandais, membre de l’IRA. Et c’est le moment où il a appris que l’homme avait trahi, qu’il a reçu un choc et qu’il a décidé de faire ressentir aux lecteurs ce qu’il a subi lorsqu’il a eu cette info. Dans le roman, Sorj devient Antoine, le luthier, tandis que Denis devient Tyrone Meehan. Par la suite, c’est devenu une pièce de théatre, puis cet album BD.
Pierre Alary a été libre de faire l’adaptation comme il le sentait. Le seul challenge était de faire passer l’émotion intacte. De pouvoir faire ressentir aux lecteurs ce qu’a ressenti Antoine/Chalandon. Et ça marche. Tout simplement.

Pierre Alary nous raconte une magnifique histoire d’amitié mais aussi de trahison.
C’est le choc pour lui, qui a appris a aimer l’irlande grâce à ce Meehan, qui lui a fait partager les douleurs de son pays et de son peuple, face à l’oprression britannique, face à ces combats quotidiens, mais qui lui a appris à aimer les irlandais, leur culture, leurs coutumes et la Guinness aussi.
Cette amitié est formidablement conté. Le lecteur la ressent aussi. Il se sent même proche d’Antoine, de Tyrone, de Sheila, de Jack, de Jim et Cathy et des autres que nous croiserons au gré de notre lecture.
C’est pour cela aussi que le livre nous prend aux tripes, nous émeut lorsque Jim meurt ou bien lorsque nous apprenons la trahison de Tyrone Meehan. Et le choc ressenti par Antoine est très bien montré dans ces pages.
Il y a aussi la force des mots qui nous font comprendre certains moments difficiles comme cette période de deux ans où les prisonniers ont vecu nus, dans leurs propres "merdes", pour ne pas porter la tenue des droits communs ou encore lorsqu’il commente la grève de la faim de certains partisans. D’ailleurs, une autre belle scène de l’album est la visite de la prison par la plupart des anciens détenus, au moment de la trêve, au moment où l’IRA dépose les armes.
Alary, par son magnifique dessin fait passer les émotions, la tristesse, la joie, la crainte, la colère, c’est tout ces sentiments que vous ressentirez aussi. Les planches sont belles, pas besoin d’en rajouter pour nous faire comprendre le problème irlandais. Cela faisait un bon moment que je n’avais pas vu un tel travail.

Jamais un récit sur l’amitié et la souffrance de se sentir trahi, n’a jamais été aussi bien écrit et raconté. Cette œuvre fait monter les larmes aux yeux. Elle nous touche et ne nous laisse pas indifférent.

Une des œuvres fortes de 2018. En 2019, Pierre Alary revient avec Retour à Killybegs chez Rue de Sèvres, ou il raconte l’histoire de Tyrone Meehan qui attend son sort dans la maison de son père, à Killybegs. Meehan revient sur sa vie et son parcours.

Un album à mettre en bonne place dans toutes bonnes bibliothèques.

Par BERTHOLD, le 15 février 2019

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