Mon copain Anne

 
La vie est ainsi faite. Petit, on perd généralement de vue les copains et les copines suite à un déménagement ou à un changement d’école. Pardi ! A cet âge-là, on ne s’échange pas les adresses, ni les numéros de téléphone…

C’est ainsi qu’Arnaud Quéré n’a gardé que de vagues souvenirs de personnes qui ont pourtant fait un temps son quotidien. Il faut dire qu’il a souvent changé d’école, aussi, et chaque rentrée scolaire s’apparentait pour le garçon timide qu’il était à une véritable épreuve : tout recommencer, se faire de nouveaux amis…

Après avoir travaillé dans différentes sociétés, Arnaud est aujourd’hui dessinateur de bandes dessinées. Dans Mon copain Anne, il fait le parallèle entre ces amitiés d’enfance et celles qu’adulte, il a construites ou évitées. Dans son regard brillent encore certains souvenirs, et dans sa tête résonnent encore quelques bonnes rigolades…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Mon copain Anne

 
Arnaud Quéré a ce don de nous raconter sa vie tout en nous ramenant à la nôtre. Avec Un air de paradis, déjà, il nous dévoilait des souvenirs d’enfance et nous poussait à faire resurgir les nôtres. C’était la séquence nostalgie. Avec Mon copain Anne, il s’attache à nous parler de ses amis, et de l’amitié en général ; "des" amitiés, même… Celles qui filent entre les doigts parce que quand on est gamin, on n’a pas prise sur la vie. Celles "de circonstances", qu’on noue plus tard avec le collègue de bureau parce que justement il travaille dans le même bureau. Celles qu’on croit à toutes épreuves parce qu’on ne peut pas avoir été si bons copains sans qu’il en reste quelque chose. Et celles qu’on estime plus vraies, plus fortes, parce qu’elles se vivent au présent, parce qu’on les nourrit et parce qu’on souhaiterait les voir durer éternellement.

Mon copain Anne est construit en trois parties principales : les portraits de l’enfance de l’auteur, ceux du monde professionnel qu’il a traversé, et puis son quotidien d’auteur, y compris ses expériences des festivals BD. En fin d’ouvrage, on trouve en plus des textes écrits par des personnes rencontrées dans le récit.

Comme dans son livre précédent (également aux éditions Des Ronds dans l’O), Arnaud Quéré a dessiné en noir sur blanc. Tout au long de l’album, il nous présente les gens et les lieux qui l’ont marqué, mais avec plus d’originalité, avec le souci d’apporter encore plus de relief à des séquences qui sinon ressembleraient simplement à un joli diaporama. Cette originalité se traduit par exemple par des dessins en pleine page dans lesquels il intègre différents sujets – voir le superbe extrait proposé ici. Ou encore par l’utilisation d’un même visuel plusieurs fois pour insister sur la répétition d’une situation. Et une bonne dose d’humour, avec ça.

En cela Mon copain Anne est dans la continuité de Un air de paradis mais semble plus abouti. C’est en outre une bande dessinée s’adressant à tout le monde, y compris à certaines personnes dont il nous parle qu’il a perdues de vue et à qui il envoie ainsi ce qui ressemble à une invitation à faire signe ! (Quoique, peut-être pas tous !) Une bande dessinée qui parlera en tout cas aux amateurs du 9ème art par ses incursions dans l’univers du dessin et de la BD, et… par sa qualité, tout simplement !
 

Par Sylvestre, le 12 janvier 2009

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