Modigliani

Modigliani, ou l’histoire d’un prince maudit, d’un peintre au talent non reconnu en son temps, d’un homme qui s’adonne aux vices de la boisson et de la drogue. Cet album narre les dernières années de la vie du peintre, alors que la maladie ronge Modigliani, le tuant à petit feu.

Par Clémence, le 5 février 2015

Notre avis sur Modigliani

Ce très bel album aux éditions Casterman dépeint les contradictions inhérentes au prince de la bohème, à cet homme tout en excès qui ne sait pas vivre. Les auteurs replacent Modigliani dans le contexte historique qui a fait du peintre cet homme déçu, addict, ce génie torturé du pinceau qui consomme à l’excès. On découvre un Paris sombre, brumeux, froid et peu accueillant, l’antithèse de la ville de Nice, ensoleillée et chaude, dans laquelle se réfugient Modigliani et sa compagne. Mais alors que le climat se fait plus doux pour les amants et leur enfant, Modigliani se fait plus froid, plus distant.

Jeanne, la compagne du peintre, est le phare de la réalité, le seul fil qui rattache Modigliani au monde. Mais à coups d’absinthe, d’opium, Modigliani laisse doucement filer ses attaches. Sa tristesse profonde n’a d’égal que son dégoût pour la société parisienne qui le rejette. Ses échecs sont nombreux, déclaré invalide à cause de sa tuberculose, Modigliani ne peut se battre au front comme ses camarades. Ses peintures subtiles au style si particulier ne font pas recette, en dépit de son talent.

Un talent rejeté, car Modigliani peint des femmes nues, complètement nues. Ces portraits de déesses ordinaires dans le plus simple appareil choquent l’opinion publique, à tel point que l’exposition des toiles de Modigliani est impossible. Méconnues, les peintures de génie de Modigliani sont mises au ban de l’art contemporain.

Les auteurs avec cet album fort et sans concessions grattent la surface de la toile, pour découvrir sous l’image du prince de la bohème l’homme qui souffre, qui peint, qui aime, qui meurt.

Les planches sont magnifiques, chaque case est une petite oeuvre d’art, un tableau qui représente une des facettes du prince maudit. Le Hénanff joue sur la profondeurs et les ombres, quoi de mieux pour représenter la vie d’un homme torturé, tiraillé entre la lumière dans sa vie, sa compagne, son enfant, et les ténèbres, ses échecs professionnels, sa maladie, ses addictions.

Un album à vite découvrir, tant pour les splendides dessins que pour un regard nouveau sur Modigliani l’artiste, et Modigliani l’homme.

Par Clémence, le 5 février 2015

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